L’hiver en camion, ça fait quand même un peu peur. On se demande comment on va supporter le froid. Les parois ont beau être isolées par une couche d’isolant mince, la température baisse quand même considérablement pendant la nuit.
Dès la première année dans le camion, nous avions la chance d’avoir dans nos bagages un sac de couchage qui avait permis de dormir sous tente dans l’Himalaya. Impossible d’avoir froid pendant la nuit. Pour le reste, nous n’avions pas de chauffage et notre première tactique a été de migrer, comme les oiseaux, pour rester au chaud.
Première destination : l’Espagne. Sur la route, alors que nous traversions le massif central, nous avons vite compris que notre premier ennemi était le gel : l’eau se fige dans la tuyauterie, le gaz butane fonctionne beaucoup moins bien, voire pas du tout. Pas de possibilité de se faire un café pour se réveiller et se réchauffer le matin… Nous fuyions donc le froid autant que possible. Si ce dernier arrivait, nous roulions vite vers le sud ou vers la mer. Nous avons longé la côte espagnole. Chaque virée à l’intérieur des terres nous rappelait l’importance du microclimat océanique.
Au mois de février, nous rencontrions Juan Anton et découvrions sa forêt comestible. Comme il est possible de le voir dans la vidéo, le soleil était au rendez-vous, nous avons passé tout notre temps en t-shirt ! Un souvenir magnifique. Au final, un chouette premier hiver, prometteur pour l’avenir…
Le second hiver n’a pas été aussi agréable. Des pluies continues et violentes ont commencé en novembre, alors que nous étions dans le sud de la France. Nous évitions soigneusement les bords de rivières et les zones inondables et nous avancions vers le sud. En route vers l’Italie cette fois. Tous les jours de pluie, nous roulions toute la journée dans l’espoir de quitter les nuages. Et comme il pleuvait tous les jours, nous avons vite atteint le sud du pays. Nous avons pris le ferry pour aller en Sicile. Une vague de froid est arrivée, nous sommes allés dans une aire de camping-car privée pour la toute première fois. Un petit chauffage électrique nous a permis d’éviter le gel et de sécher nos affaires.
Le lieu était tenu par une famille sicilienne très chouette. Avec les quatre autres couples de camping-caristes, ils nous ont invité à fêter la nouvelle année : repas traditionnel et feux d’artifice. Une belle soirée. Au réveil, l’Etna que nous apercevions au loin était couvert de neige. Il neigeait également à Trapani, la ville la plus chaude de Sicile. On nous a dit que cela faisait 30 ans que ce n’était pas arrivé.
La température est remontée, nous avons quitté l’aire et fini notre tour de la Sicile, poursuivis par les nuages. Fatigués d’attendre le beau temps, nous avons repris la route vers le nord. Nous avons traversé la frontière début mars accompagnés par un soleil qui ne nous plus quitté pendant quelques semaines. L’hiver était enfin terminé.
Si nous n’avons pas souffert du froid en Italie (nous nous réchauffions en buvant du thé et en cuisinant), l’humidité permanente était par contre beaucoup plus désagréable. Nous en avons eu confirmation par la suite, nous préférons largement un froid sec à une température plus douce avec de la pluie.
Ce deuxième hiver en Italie nous a vacciné, nous voulions un chauffage dans le camion, au moins pour être au sec. Nous avions essayé de trouver un endroit où l’installer des dizaines de fois. Mais notre (petit) camion est particulièrement bien aménagé, tellement bien qu’aucun espace n’est perdu. Impossible d’ajouter un nouvel élément.
La solution est venue d’elle-même le jour où le meuble en plastique douche/toilettes chimiques nous a lâché. L’occasion de tout refaire et de tout repenser. Les toilettes sèches ont remplacé les toilettes chimiques, permettant de récupérer un nouvel espace. Un petit chauffage à gaz est arrivé, accompagné de sa douce chaleur qui apporte un confort non négligeable. Il permet d’augmenter la température du camion de 10°c. Ce type de chauffage est déconseillé en usage intérieur. Il est important de pouvoir le surveiller quand il est allumé, et donc de l’éteindre quand on dort pour plus de sécurité. Notre duvet de l’Himalaya reste donc notre meilleur ami :-). Un détecteur de monoxyde de carbone est aussi indispensable (voir plus bas).
Le troisième hiver, nous sommes restés en France. Décembre, janvier, tout va bien. Mais en février, les premiers moments de gel sont arrivés : le butane restait sous forme liquide dans la bouteille. Nous avons fait une nouvelle acquisition : un chauffage qui venait de sortir sur le marché. Pas cher, petit, puissant, qui fonctionne au gaz… avec des cartouches de 225g. Cher et peu écologique – les cartouches permettent de se chauffer pendant deux heures. Après direction la déchèterie. Quand il est compliqué de garder au chaud la bouteille de 13kg, les petites bonbonnes du chauffage d’appoint se glissent dans le lit lorsque l’on dort. Il est alors possible de réchauffer le camion au réveil. Un appoint confortable surtout quand les températures ne remontent que très peu au cours de la journée (et restent en dessous de 0°), mais à utiliser avec modération.
Au final, nous avons fait un crochet en Allemagne. La neige nous a bloqués quelques jours sur un parking, mais nous avions de quoi travailler, cela ne nous a pas posé de problème.
Cet hiver, quatrième hiver dans le camion, les choses ont encore un peu changé. Car il n’y a pas que le froid et l’humidité qui rendent l’hiver difficile. Nous avons le plus grand jardin du monde, mais à la saison froide, nous n’avons pas trop envie de passer du temps dehors. Notre Renault Trafic se gare sur n’importe quelle place de parking, se déplace en ville sans problème. Mais cet avantage a un prix en terme d’espace. Le camion se révèle vite petit. Deux personnes peuvent difficilement être debout en même temps et il est nécessaire de contrôler ses mouvements lors de chacun de ses déplacements.
Le mois dernier, nous avons acheté une caravane. Notre espace de vie à triplé, nous avons désormais un “deux pièces” sur roues ! Cela change la vie, mais avec ses inconvénients. La circulation en ville et les demi-tours sont plus complexes… Pour l’hiver, nous nous en accommodons sans souci. La caravane est chauffée grâce à un poêle à gaz classique de maison. Quand l’espace n’est plus un problème, les solutions de chauffage sont plus simples et moins onéreuses.
Nous avons trouvé notre équilibre, les obstacles de l’hiver en camion ont été surmontés. Nous pouvons tranquillement profiter des merveilleux paysages givrés l’esprit serein !
Session de travail face à un lac gelé, au sud de Toulouse, le 20 janvier 2017 (avec la caravane cachée derrière… Elle sera bientôt décorée !)
Informations complémentaires sur notre équipement pour l’hiver :
– Chauffage de base : chauffage Therm’x 900W. C’est un chauffage très compact, relié à une bouteille de gaz classique. L’équivalent actuel serait le chauffage MidiCat de la marque Alke.
– Chauffage d’appoint : chauffage à gaz portable LAVI 1300W (exemple)
Les cartouches du chauffage d’appoint sont très chères en magasin (environ 3€ la cartouche). Il est plus intéressant de les acheter en ligne, mais l’envoi de gaz étant interdit chez La Poste, la livraison est particulièrement chère. Nous avons acheté un gros paquet de cartouches que nous avons reçu quand nous étions en Allemagne (1€ la cartouche frais de port inclus). Le meilleur plan d’achat de cartouche en magasin que nous ayons trouvé est chez les Frères Tang à Paris (1,85€ la cartouche).
– En même temps que notre premier chauffage, nous avons acheté un détecteur de monoxyde de carbone. Ce gaz incolore et inodore, lié à la mauvaise combustion du butane cause la mort de plusieurs nomades tous les hivers. Nous avons acheté un exemplaire avec écran qui indique la proportion de monoxyde de carbone dans l’habitacle. Ce petit engin nous a permis de détecter des problèmes au niveau de notre plaque de cuisson et de notre chargeur de batterie. Même si c’est un peu cher, il s’agit d’un indispensable qui peut sauver la vie…
– Les fenêtres constituent l’un des ponts thermiques principal dans le camion. Pour les isoler, nous avons découpé des tapis de sol de camping à la taille nécessaire et nous les posons sur les fenêtres quand la nuit tombe . Un isolant pas cher et rudement efficace. (Tapis de sol isolé avec un côté argenté). Le pare-brise et les fenêtres avant disposent quant à eux d’un isolant classique pour camion.
– Un petit chauffage électrique nous accompagne également. Il permet d’ajouter un peu de confort quand nous avons accès à une prise 220V et que les nuits sont vraiment froides.
– Il existe des aires pour camping-car avec électricité gratuite ouvertes même en hiver. Elles sont rares, mais il est possible de les trouver grâce à l’application (ou le site internet) park4night. L’outil de recherche rapide de lieux avec électricité est bien utile 🙂
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SideWays “Enquête d’un autre monde” réalise des épisodes multimédias sur des projets et des personnes inspirantes. L’équipe à temps plein vit et travaille sur la route avec le camion SideWays. Entre deux tournages, nous nous arrêtons dans les villes et villages pour organiser des projections-débats et des ateliers d’échanges de savoirs.
Pour découvrir la série, c’est par ici : www.side-ways.net
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Salut, nous sommes une petite famille de 4 dont 2 enfants de 7 et 10 ans et nous utilisons l’app Park4night depuis le Maroc où nous avons été durant presque 3 mois en ce debut d’année, avec un Renault Master L3H2 aménagé pour 4, quittant définitivement tout habitat en France. Aujourd’hui, nous arrivons vers Reggio Calabria en Italie où le seul arret Park4night existant a été créé par vous. En m’en apercevant, j’ai tout de suite fait le lien avec vos vidéos alternatives et géniales que j’ai découvert il y a 1 an environ, quand j’exerçais alors comme boulanger bio et que Marie-Anne, mon épouse, exerçait comme vendeuse du réseau Biocoop, à Sisteron (04).
Alors, voilà, on vous envoie un petit clin d’oeil de notre tour du monde qui se poursuivra à partir d’octobre vers La Reunion apres être passés par la Grèce et la Croatie cet été !
Si cela vous intéresse, Marie-Anne tient un carnet de voyage sur memotrips.com , carnet « Babastrip ».
Et vous, où en êtes vous de vos projet ?
A très bientôt, inch’allah !
Benoît
Retour de ping : Le coût de la vie en camion aménagé ? Retour chiffré de 4 années sur les routes – SideWays, la websérie itinérante – Le Blog
bonjour,
je cherche à me faire des rideaux isolants et je suis intéressée par vos « tapis de sol » isolants, mais j’ai du mal à en trouver ou alors ils sont assez chers, pouvez vous me dire où vous avez trouvé les vôtres? 🙂
Bonjour Sandrine,
On avait acheté les nôtres dans un magasin de sport classique. Il me semble qu’on avait pris le premier pris à 2€. En regardant sur internet, je vois celui-ci à 5€ : https://www.decathlon.fr/matelas-trek-arp-m100-grs-id_5591048.html
N’hésite pas si tu as d’autres question sur les tapis de sol ou autre !
Bonjour,
Je vais tenter une bien plus modeste avec mon fiston, un vieux Doblo transformé en microvan.
L’étape de l’isolation thermique m’intéresse et la méthode matelas aussi ! Comment faites-vous tenir les panneaux sur les vitres ?
Merci d’avance !
Bonjour,
Vous pouvez en dire plus, sur cette phrase ?
« Ce petit engin nous a permis de détecter des problèmes au niveau de notre plaque de cuisson et de notre chargeur de batterie. Même si c’est un peu cher, il s’agit d’un indispensable qui peut sauver la vie… »
Je viens de retrouver mon van avec les alarmes des détecteurs en marche. il y avait personne dedans mais en parking souterrain , quand j ai sorti le détecteur ça c’est arrêté, je cherche ce qui peut produire du monoxyde dans le fourgon.
Cdlt
Bonjour Bob,
Oui, nous avons eu quelque chose de similaire avec notre camion. L’alarme s’allumait, le plus souvent la nuit vers deux heures du matin, alors que tout était éteint et que nous dormions. Une fois, on est revenu au camion et elle était monté à 1400ppm !
Nous nous sommes longuement interrogé sur la question, farfouillant partout sur internet, nous demandant si cela pouvait être une conséquence des toilettes sèches ou des nombreuses plantes que nous avions dans le camion. Nous sommes même allé au magasin échanger le détecteur de monoxyde de carbone car on se demandait s’il n’avait pas un problème.
Bref, au final, ce qu’on a compris, c’est que cela arrivait quand nous mettions notre camion en charge sur du 220V. Tant que la batterie chargeait, tout se passait pour le mieux, mais quand nous étions en charge depuis de nombreuses heures, voir deux ou trois jours, la batterie passait en surcharge (un chargeur doit normalement couper a charge de la batterie quand les batteries sont pleines, et le notre devait avoir un problème). Résultat, le liquide à l’intérieur de la batterie bouillait et cela devait émaner des gaz toxiques à l’intérieur du camion, reconnu par le détecteur de monoxyde de carbone qui nous avertissait.
On a mis beaucoup beaucoup de temps avant de comprendre ce qu’il se passait. On a vu que notre batterie semblait ne plus tenir. Nous avons ouvert la batterie, il n’y avait quasiment plus de liquide dedans. On a rajouté de l’eau déminéralisé. et on fini par la remplacer par deux batteries à décharge lente qu’on a du bien amocher à leur tour avant de savoir que le problème venait du chargeur.
Comme on est rarement branchés au 220V, on met le camion en charge juste quelque heures quand on en a besoin ou on branche directement ce qu’on veut charger en passant le câble par la fenêtre.
Sinon, pour les plaques à gaz, c’est un truc classique. Le monoxyde se forme quand il y a une mauvaise combustion. Nos plaques à gaz, qui devaient avoir l’âge du camion – 25 ans – et elles dégageaient du monoxyde, notamment quand on faisait cuire des trucs longtemps en hiver. On les a changé, le problème a été résolu.
Je crois aussi, suite aux expériences hivernales, que même avec un matériel en bon fonctionnement, du monoxyde de carbone si on fait cuire quelque chose ou qu’on utilise un chauffage à gaz dans une pièce où le taux d’humidité est très important (comme ça peut être facilement le cas dans un petit fourgon en hiver.)
J’espère que ce retour d’expérience peut t’avoir donné des pistes. Sinon, je te souhaite bon courage pour comprendre la raison de l’alarme. (Entre nous, si je scrute mes souvenirs, je crois bien que le détecteur s’était aussi allumé des nuits où nous n’étions pas branchés au 220V, mais pourtant, le détecteur ne s’est plus allumé la nuit depuis plusieurs années. Alors soit mes souvenirs me trompent, soit il devait aussi y avir d’autres facteurs non expliqués…)
Peut-être à une prochaine sur le route !
Hélène
Bonjour et merci pour vous articles qui m’aident régulièrement. Je vis dans un camping car hymer et je réfléchis à prendre un radiateur électrique d’appoint pour quand je suis branchée en 220V. Je n’arrive pas à me décider entre les différents types pour avoir quelque chose de léger, avec une chaleur plutôt agréable mais sans danger pour le véhicule (on m’a déconseillé els infrarouges). Pouvez-vous nous préciser quel est votre chauffage d’appoint électrique ? Merci 🙂
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