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Quels sont nos souvenirs de nos premiers mois en camion ?

    Prendre la route en ce début d’été. Des kilomètres parcourus sur de petites routes de campagne.

    S’arrêter parce que le nom d’un village nous fait sourire. Y, commune de la Somme, dont les habitants s’appellent les Upsiloniens, ou encore Toutlemonde, dans le Maine-et-Loire.

    Ces premières nuits à dormir au bord d’un lac (au bord de combien de lacs avons-nous dormi au cours de ces sept années ? Des centaines je pense…). Profiter des couchers de soleil avec le chant des oiseaux et les crapauds qui coassent.

    Se lire à haute voix le road trip “Les sentiers de l’Utopie” d’Isabelle Fremeaux et John Jordan pendant que l’on roule, et s’enthousiasmer pour les possibles collectifs qui existent en Europe.

    Cette rencontre avec Jacques à Saint-Maurice-la-Fougeureuse qui a donné lieu à notre première projection spontanée sur la place du village, et ce réveil le lendemain matin par des voisins qui nous apportent un panier de légumes hyper garni.

    Les jours qui ont suivi avec des partages autour de Photoshop, de la cuisine, de morceaux de trompette et de contes en patois.

    Cette rencontre enthousiasmante avec Thierry et Nathalie sur le parking d’un parc d’attraction, « Mouton Village ». Ils nous ont envoyé un mail quelques jours plus tard, en nous disant que nos discussions leur avaient donné l’envie « d’intégrer à leur projet des initiatives solidaires ». Ce message m’aura mis les larmes aux yeux.

    Nous pensions aller en Espagne, mais un message nous invitant à une rencontre de réalisateurs engagés à Berlin nous a fait changé d’avis. Nous avons bifurqué en direction de l’Allemagne. Pourquoi pas ? Nous étions libres d’aller où nous le voulions (nous le sommes toujours d’ailleurs 😉 ).

    Et nous voilà embarqués pour un bon millier de kilomètres. Partir découvrir une autre capitale européenne, beaucoup moins densément peuplée que Paris, et beaucoup plus accueillante pour les camions.

    Tempelhofer Park, son jardin partagé et son indispensable point d’eau. Cet auberge café où nous avons retravaillé notre site internet pendant des jours, pendant que Sedera et Julie nous envoyaient les traductions respectivement en anglais et espagnol. Le SystemFelher, ce magasin gratuit qui reste une référence d’un lieu à la fois utile et convivial. Elektra et son Trailer Park, un squat de camions verdoyant en plein coeur de la ville. La KartoffelKampagn où nous avons pris conscience de la capacité d’un groupe d’humains à s’autogérer. Comprendre, en le vivant, que l’Anarchie est bien le contraire du chaos, mais plutôt une organisation bien structurée et organisée. Et que ça fonctionne.

    Et puis, il y a les couacs, les trucs bizarres ou les difficultés qui semblent bien légères face à tout ce que nous apporte de positif notre vie nomade. Ce sentiment étrange quand on prend sa douche dans son camion, bien caché du monde dans son chez soi, mais à moins d’un mètre d’un groupe de personnes qui vient discuter à côté de la maison. Cette recherche d’eau potable qui peut parfois devenir compliquée et prendre des heures quand on doit remplir sa cuve à partir de bidons récupérés dans les toilettes publiques.

    Ce groupe de villageois qui nous ont pris en grippe un soir lorsque nous cherchions un endroit pour dormir car ils étaient persuadés que nous étions des rôdeurs venus pour les cambrioler (ça s’est bien fini malgré tout).

    Je me souviens qu’au bout de quelques mois, on nous avait demandé ce que l’on imaginait pour la suite. Je ne savais pas trop quoi dire. J’avais finalement répondu que, quoi qu’il arrive, ce que nous avons vécu au cours des derniers mois est tellement extraordinaire que jamais je ne pourrais regretter d’avoir tout quitté pour partir.

    C’était sur la route de l’hivernage en Espagne. Il nous semblait évident que, tels des oiseaux migrateurs, nous allions passer la fin de l’année dans le sud. Le lendemain, nous vivions notre première nuit de gel. Le gaz s’était liquéfié dans la bouteille. Nous ne pouvions pas nous réchauffer avec un café, mais nous nous sommes installés dehors au soleil, contemplant le givre qui faisait scintiller les herbes, le viaduc de Millau en décor au lointain…


    Un an et un peu plus, dans un camion aménagé…

    Vivre en camion, cela signifie beaucoup plus de liberté d’esprit face à l’argent. Quand les trois postes de dépenses sont la nourriture, le matériel de travail et l’essence, le budget se réduit considérablement.
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