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Voter ou ne pas voter. Et après ?

    À toi qui ne vas pas voter.
    Et à toi qui m’accuses parce que je ne vote pas.

    Juste une question…
    Ne pas voter, d’accord, et après ?
    Voter, ok, mais après ?

    Que fais-tu ?

    Est-ce que tu crois que c’est en allant boire des coups avec tes potes en terrasse que tu vas changer les choses ?
    Est-ce que c’est en chauffant ton appartement avec l’énergie produite par des centrales nucléaires qui favorise la vente et la prolifération de cette technologie meurtrière à travers le monde ?
    Est-ce que c’est en achetant ta bouffe dans des supermarchés qui enrichissent ceux qui détruisent ta santé et celle de millions -milliards ?- d’autres ?
    Est-ce que c’est en roulant avec du pétrole, cet enjeu de la politique extérieure mondiale, qui déclenche des guerres et légitime le post-colonialisme ?
    Est-ce que c’est en gardant ton argent dans des banques qui spéculent sur les marchés financiers et qui financent des projets inhumains et destructeurs ?
    Est-ce que c’est en achetant tes fringues fabriquées au Bangladesh avec des conditions de travail que tu ne supporterais pas plus d’une journée ?

    Est-ce ainsi que tu penses changer les choses ?

    Oui, on vit dans un monde de merde.
    Oui, le FN c’est de la merde. Et étant donné les actions de l’UMP et du PS au cours des dix dernières années, je n’ai pas non plus envie de légitimer leur pouvoir en allant mettre leur bulletin dans l’urne.

    Mais on est tous un peu responsables de ce monde de merde. On le cautionne en achetant leurs produits. Parce que c’est plus simple, c’est à côté de chez soi, c’est ouvert à toute heure et c’est moins cher. On le cautionne en ne prenant pas la peine de changer de banque, de fournisseur d’énergie, parce que ça prend du temps, et qu’on ne s’est jamais posé la question au fond.

    On le cautionne parce qu’on a l’habitude. Et que changer ses habitudes, c’est dur, ça prend de l’énergie, on n’a pas le temps. Et tous ces efforts, est-ce qu’ils vont vraiment servir à quelque chose si les autres ne font rien, eux aussi ?

    On le cautionne parce qu’on est habitué à un mode de vie qui correspond au système de merde dans lequel on vit et qu’en changer, ça signifie aussi ne plus être dans la norme, être regardé de travers par ses amis, ses voisins, ses collègues, un peu tout le monde.

    En gros, il n’y a pas beaucoup d’avantage à changer de banque, de fournisseur d’énergie, à ne plus aller dans les supermarchés et tout cela. Ça prend du temps, ça coûte plus cher, et on a l’impression que ça change pas grand-chose.

    Sauf qu’en fait, c’est de cette manière que j’ai rencontré de nouvelles personnes qui pensaient comme moi. Je me suis rendu compte que d’autres, à côté de moi, agissaient dans le même sens mais ne m’en parlaient pas parce qu’ils pensaient que je les regarderais de travers. Je me suis rendu compte que je mangeais mieux, que cuisiner ça fait du bien à la tête aussi. Au bout d’un moment, je me suis rendu compte que j’avais changé de vie, de regard sur le monde, parce que tout autour de moi s’est adapté à ces changements. Et mon état d’esprit aussi.

    Maintenant quand le FN est en tête, ça me fait mal au cœur, mais j’ai aussi de l’espoir.
    J’ai de l’espoir parce que tous les jours, je vois que le monde change, que les personnes de mon entourage prennent conscience que leurs actions quotidiennes ont de l’importance. Je n’ai jamais cherché à les convaincre, j’en parlais peu pour ne pas les saouler. Mais ils me racontent les documentaires qu’ils ont vus, les livres et les articles qu’ils ont lus, et qui “proposent des solutions, enfin !“. Ils me parlent de repair-café où ils ont changé les freins de leur vélo, ils me disent qu’ils consomment moins de viande, ils me parlent des Tiny House qui sont vachement chouettes. Ils me parlent de compost collectif et d’habitats groupé.

    Et comme je passe quand même pas mal de temps à projeter des films qui proposent des solutions, je me rends compte à quel point ça fait du bien de voir le positif de ce monde, et que, même si on vit dans un monde de merde, il y a quand même beaucoup de choses qui sont cool.

    Alors oui, on peut dire que changer ses modes de consommation, c’est dur, c’est chiant, et quand on commence, on se sent vite dépassé. Alors oui, ça coûte cher, ça prend du temps.
    Mais étonnamment, maintenant non seulement j’ai plus de temps et je ne manque pas d’argent, mais je vois des choses chouettes tous les jours.

    Et quand les attentats de Paris me font prendre conscience que mon pays est en guerre depuis 15 ans, que l’état d’urgence se transforme en dictature (presque) assumée et que le FN devient le premier parti de France, ça me fait flipper. J’ai l’impression de me retrouver à la veille de temps qui vont être très durs, que les musulmans d’aujourd’hui sont en phase de devenir les juifs d’hier.

    Mais j’ai appris à agir selon ma conscience, et non pas selon mes habitudes. J’ai appris à faire ce que je savais être bon, plutôt que ce que la norme attend de moi. J’ai appris à être moi, et à assumer mes actes et mes positions.

    Alors s’il faut agir pour résister à ceux qui nous dominent, à leur puissance, à leur force de frappe, s’il faut agir contre une opinion majoritaire et soutenir ceux qui en ont besoin, s’ils faut subvenir aux besoins de nombreuses personnes parce qu’ils ne peuvent subvenir à leurs besoins tout seuls…
    Je sais que je le ferai. Je sais qu’il y aura des personnes autour de moi et qu’on le fera ensemble. Je sais que nous ferons du mieux que nous pouvons malgré les difficultés et les coups de déprime.

    Et on le fera en souriant, parce qu’on a compris que, même si on vit dans un monde de merde et que nous ne sortirons pas vainqueurs rapidement, nous serons à notre juste place. Et que nous serons à une place qui est juste.

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