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Et maintenant ? | Chapitre 4

    Ce texte est une fiction documentaire.

    Si la narratrice est le fruit de mon imagination, les informations citées sont réelles. Toutes les références (livres, films, lieux, personnes) et les sources sont regroupées à la fin du texte.

    Si vous arrivez sur ce texte pour la première fois, la présentation de ce récit est disponible ici (avec le lien pour accéder à la version intégrale en PDF).

    Vous pouvez également commencer la lecture à partir du premier chapitre.


    Je me suis couchée avec la question du loyer dans la tête. Je retournais la question dans tous les sens. Je ne sais pas trop quand je me suis endormie. Mon inconscient a travaillé pour moi pendant mon sommeil. À deux heure et demi du matin, je me suis réveillée avec le cerveau en ébullition.

    J’aime bien quand je me réveille au milieu de la nuit avec la solution à mes questionnements.

    La propriété privée. On vit dans un monde où tout appartient à quelqu’un. Les plans du cadastre sont impressionnants : chaque parcelle de notre belle planète Terre est un petit carré répertorié sur des cartes avec le nom de celui qui possède cette surface.

    On a donc trois solutions : 1) soit le propriétaire nous donne l’usage du lieu – ou on le prend, on squatte. 2) soit on devient propriétaire. 3) soit on change d’endroit tout le temps, on devient nomade, avec toutes les problématiques que cela doit comporter.

    La dynamique est totalement différente si l’idée est pour du court terme ou pour du long terme. Pour du court terme, vivre chez quelqu’un d’autre ou être nomade, why not ? Mais sur du long terme, il est nécessaire de trouver les moyens d’acheter quelque chose pour qu’on ne puisse pas m’embêter. Être chez moi.

    Il me semble assez évident aujourd’hui que je n’aurais jamais les moyens de m’acheter une maison ou un appartement. Les tarifs sont prohibitifs si on n’a pas d’apport qui vient de l’extérieur. Cent mille euros minimum pour quelque chose de correct dans une ville moyenne. C’est 600€ par mois pendant 170 mois, soit près de 15 ans. Je n’arrive pas à m’imaginer m’engager là-dedans. Il faudrait que je sois en couple, qu’on bosse tous les deux ou que l’un d’entre nous ait un très bon salaire (lui, parce que, moi, c’est pas parti pour) et qu’on veuille avoir des enfants. Je crois que je ne serais capable de faire ça que si j’ai des enfants, cela me stabiliserait dans ma tête et je pense que je regarderais l’avenir différemment.

    Donc, si je n’ai pas d’appartement, ni de maison « classique », il faut que je trouve autre chose. Et c’est là que j’aime que mon inconscient du sommeil intervienne. Il m’a rappelé le principe des Tiny House, ce sont de petites maisons mobiles qui peuvent être tractées par de gros véhicules. Quelque chose à mi-chemin entre le mobile-home (qui n’est pas très mobile) et la caravane (qui l’est beaucoup plus).

    Dans la salle d’attente d’un médecin, j’avais lu l’article d’un magazine féminin sur un couple états-unien qui était parti vivre avec cette mini-maison dans différents endroits du pays. Ils racontaient qu’ils étaient étonnés eux-même de ne pas se sentir à l’étroit. En voyant les photos, j’ai vu à quelle point leur espace était beau et bien aménagé.

    J’avais fait le parallèle avec les chambres étudiantes de certains de mes potes, neuf mètres carrés qui gagneraient tellement en confort s’ils étaient agencés de manière intelligente. Le gros avantage des Tiny House, c’est que, si on est amené à déménager pour une raison ou pour une autre, on peut prendre notre maison avec nous.

    Tiny House Livingston (@TinyHouseLivingston)

    Je m’imagine bien vivre dans une toute petite maison. Ça me rappelle l’appartement de mon institutrice de maternelle, que j’ai croisée par hasard dans un village lors d’une balade dans la campagne il y quatre ou cinq ans. Elle m’avait invité à boire le thé et, quand j’étais entrée chez elle, j’avais été happée par la chaleur qui se dégageait de l’endroit. C’était à la fois lumineux et cosy, doux et chaud. Je m’étais sentie revigorée en l’espace de quelques secondes.

    L’appartement était tout petit, mais largement suffisant pour une vieille dame célibataire. De nombreux détails m’avaient charmés : la verrière en fer forgé qui donnait sur le jardin, la mosaïque faite-main dans la cuisine, le sol en vieilles tomettes rouges qui devaient dater, peut-être, du siècle dernier, les tapis molletonnés sur lesquels je m’imaginais marcher pieds nus face à la cheminée les soirs d’hiver. Il y avait une telle âme qui se dégageait de son intérieur. Son appartement, c’était elle.

    Si jamais je devais, un jour, avoir une maison à moi et que je trouve le temps, j’aimerais tellement m’occuper de la décoration de chacun des petits détails. Avoir un espace de vie qui nous ressemble, ça doit être tellement apaisant. Regarder autour de soi, chaque centimètre carré, et avoir des milliers de souvenirs qui ressurgissent, la fierté de l’avoir fait, et d’avoir peut-être partagé ces moments avec d’autres.

    J’avais eu une grande discussion autour de l’importance de la beauté avec une amie quand j’étais plus jeune. Je me souviens que c’était quelque chose auquel j’étais assez hermétique. Oui, c’est cool que les choses soient belles, mais cela demande une énergie tellement importante pour une productivité tellement limitée que ça ne vaut pas le coup de se prendre la tête à rendre beau tout ce que l’on fait. C’était ce que je pensais à l’époque. Depuis, j’ai changé d’avis. Ça doit être lié à ma formation. L’importance d’une belle assiette. C’est étonnant de voir comment un bel agencement des aliments, des formes et des couleurs change la perception de celui qui mange. On parle des mêmes plats, les mêmes aliments, mais présentés différemment. Il suffit d’une belle assiette et les gens vont avoir l’impression de manger quelque chose de plus sain, de plus raffiné, de plus délicat (même si les aliments de base ne sont pas fous).

    Au début, j’avais beaucoup de mal avec ce principe, je n’arrivais pas à me motiver à passer du temps à ajuster les éléments, ajouter des épices sur les bords pour la couleur ou un brin de ciboulette pour le côté graphique. J’ai fini par m’y consacrer plus sérieusement Aujourd’hui, j’aime jouer avec les textures et les proportions. Quand j’ai le temps, c’est devenu un vrai kif.

    Je pense qu’un beau lieu de vie doit avoir le même type de répercussion. Il aide à s’apaiser, à se sentir bien.

    Je regarde autour de moi. Ma chambre, sa peinture blanc crème, mon bureau et mon étagère en faux bois, mes photos sur les murs. On croirait encore une chambre d’étudiant alors que j’ai bientôt trente ans. Je n’y suis quasiment que pour dormir. Je me suis très peu occupée de cet espace. J’y retrouve quelques objets et images fétiches, et surtout ma couette dans laquelle j’aime me lover tout en écoutant des musiques de films quand j’en ai marre de tout ou que je suis malade.

    En même temps, à quoi bon passer du temps à m’occuper de cet endroit alors que je ne suis que locataire et que je n’ai pas forcément l’intention de passer des années ici.

    Si j’avais su que je resterais là pendant plus de sept ans quand je suis arrivée dans cette coloc’, peut-être que j’aurais pris les choses en main. Ou pas. Il faut du temps. Et de l’argent. Et l’autorisation des propriétaires. Et la motivation. Enfin bref…

    Je me demande combien coûte une Tiny House. Et où est-ce qu’on peut la poser ? C’est pas un truc pour vivre en ville, mais peut-être qu’il y a moyen de l’installer en périphérie sur un bout de terrain aux abords de ces quartiers résidentiels remplis de maisons toutes pareilles. Quelque part où l’on peut accéder quand même aux transports en commun pour profiter des avantages de la ville. Ça signifie aussi qu’il faut quand même payer un loyer pour le terrain ou l’acheter, en plus de la Tiny. À moins de trouver quelqu’un qui accepte la présence de la mini-maison en échange d’un coup de main pour reprendre le principe d’échange : s’occuper d’une personne âgée ou d’un potager par exemple.

    En tapant « Tiny House » sur Google, je tombe directement sur le site « Tiny House France » où on retrouve plein d’infos sur le sujet. Ils ont un site de petites annonce. Grosso modo, une Tiny House, c’est à partir de 25 000€ (et ça peut monter haut). Il y a aussi plein d’infos pour construire sa Tiny House soi-même. À les écouter, on dirait que la majorité des gens le font eux-même. C’est un peu comme pour l’éolienne : pour bien connaître leur maison et surtout pour l’agencer à leur guise. Fait maison, ça coûte plus « que » 15 000€ de matériel pour le châssis, le bois, l’isolation, etc. Bien entendu, ça dépend de ce que l’on met dedans aussi.

    Ça me fait rêver un petit cocon à moi, tout mignon, avec accès à un petit jardin. 25 000€, c’est encore abordable… Ça fait 500€ par mois pendant un peu plus de quatre ans. Pas mal pour devenir propriétaire de sa maison.

    Enfin, faut surtout que je revienne sur terre, parce que si je ne trouve pas de boulot, mes 500€ par mois de loyer, je crois que je ne pourrais clairement pas les payer. Mais si jamais la vie redevenait comme avant, peut-être que je me lancerais là-dedans plutôt que de continuer à payer un loyer qui sert à financer les études de médecine du fils de mon cher proprio.

    Mince, je commence à penser sur le long-terme. Ça fait flipper… Je crois que je vieillis.

    Sur le site de Tiny House France, ils ont publié un recueil de témoignages de gens qui vivent de manière « alternative ». Il y a des photos de maison de hobbits faite en terre, des yourtes, des roulottes fantaisistes. Certaines photos donnent l’impression d’être prises dans des pays imaginaires tant les constructions sont improbables et qu’elles sont installées dans des lieux impressionnants. Ça réveille l’enfant qui est en moi et qui a envie d’aller construire des cabanes au milieu des bois.

    Une yourte. C’est pas mal non plus comme maison. Ça peut être plus grand qu’une Tiny House tout en étant démontable d’un endroit pour la remonter ailleurs. On garde le côté « achat de maison pas chère ». Il y en a combien pour une yourte ? Sur le premier site que je trouve, en neuf pour une yourte de 27m² avec le plancher (qui est vendu séparément), il y en a grosso modo pour 6 000€. Là pour le coup, ce n’est que la structure, il n’y a pas les meubles, l’installation en eau, en électricité, etc., comme dans la Tiny House. C’est sacrément moins cher, mais en fait, c’est aussi sacrément autre chose. Je vais chercher des photos pour savoir à quoi ressemble l’intérieur d’une yourte bien aménagée.

    Ah oui… Quand même ! Il y a des intérieurs de fou. On ne se croirait plus dans une yourte, mais dans une maison en bois trop belle. Là, c’est sur une yourte de 60m², avec un escalier et un étage. Ce n’est plus du transportable, on est dans du démontable, avec un taf pire qu’un déménagement classique. Il vaut mieux être sûr de l’endroit où tu installes ta maison.

    Je sais pas pourquoi Google Images me propose aussi des photos d’intérieurs de camping-cars et de camions aménagés. C’est peut-être pas mal non plus l’idée d’un camion aménagé. C’est tout petit, mais les photos donnent l’impression de quelque chose d’assez vivable. Pour le coup, c’est beaucoup plus mobile. Ça doit être pratique pour aller faire du woofing. Tu peux garder ta maison et tes repères d’un lieu à l’autre. Un de mes potes a un van un peu comme ça, un Volkswagen à la mode hippie qu’il utilise pour aller faire du surf. J’avais jeté un coup d’œil dedans un jour. Je trouvais ça cool pour des vacances, mais de là à vivre dedans toute l’année. Les photos que je trouve sur internet donnent l’impression de camions beaucoup plus grands, avec des meubles en bois.

    Je recherche uniquement des photos de camions aménagés et là, je comprends mieux. Ils montrent des poids lourd pour la plupart. C’est vrai qu’au final, on peut aménager n’importe quel type de véhicule. En fait, c’est assez proche du principe de la Tiny House, sauf que le véhicule tracteur est directement inséré avec la mini-maison. Il y a aussi des minis-vans. À choisir la taille qui correspond à son projet. J’imagine que plus le camion est petit, plus c’est mobile, alors que les poids lourd, tu ne vas sans doute pas les déménager tous les jours. Surtout qu’il faut trouver l’endroit où le garer…

    L’idée me plaît. Ça me semble plus simple, moins effrayant pour une première approche de vie sans loyer que les propositions précédentes. Ce n’est pas pour du long terme, mais en dépannage, sur du court terme, ça n’engage pas trop. Au pire, j’achète un camion et je le revends quelques mois plus tard, le temps de découvrir autre chose. Enfin, il ne faut pas qu’il tombe en panne ou que j’ai un accident entre temps.

    Ça coûte combien un camion aménagé ? Sur LeBonCoin, je trouve des annonces en tous genres. Et il n’y en a pas beaucoup dont l’aménagement est potable. Il faudrait que je m’y penche plus sérieusement, mais au premier abord, ça ne doit pas être si simple que ça de trouver un bon camion. Il y a pas mal de vieux véhicules qui me feraient un peu peur car l’entretien ne doit pas être évident et que ça doit être galère si tu tombes en rade n’importe où. Et puis, si on dépense plus d’argent en entretien que pour l’achat, ça ne vaut pas forcément la peine. Pour les poids lourd, il faut un permis spécial, et je ne me sens pas trop de conduire un engin pareil. Les camping-cars sont une bonne alternative, mais je n’aurais pas imaginé que c’est aussi cher, il n’y a quasiment pas un modèle à moins de 20 000€. Une annonce m’a bien plu, c’est un camion de déménagement, avec une caisse carré à l’arrière. Il ne doit pas rentrer dans la catégorie poids lourd, mais il est quand même assez grand. Le propriétaire le propose à 10 000€. On ne voit malheureusement pas l’aménagement intérieur. J’ai envoyé un message pour avoir des photos supplémentaires, ça ne mange pas de pain…

    Je me demande à quoi doit ressembler la vie en camion aménagé. Le matin, tu te lèves, tu allumes ton café. Comment on fait pour l’électricité ? J’ai vu pas mal de panneaux solaires sur les annonces. Mais ça marche bien ? On peut quand même charger son ordi, faire fonctionner un bouilloire ou des plaques à induction ? Et pour l’eau, on fait comment ?

    J’ai envie d’en savoir plus. Je tombe sur un site qui s’appelle « Toits Alternatifs ». La fille qui a développé ce blog est complètement ouf. Elle a récolté des dizaines de témoignages de gens qui vivent en van, en camion, en bus. Une vraie accro de la vie nomade. Il y a l’air d’y avoir tout sur ce site : conseils pour acheter un camion, pour l’aménager, tutoriels, questions administratives, etc., avec une orientation assez poussée pour vivre en van de manière écologique.

    Elle ne s’est pas contentée de la question des camions aménagés, il y a aussi des infos sur des cabanes, maisons en terre, en paille, en pneus, en bois, en verre, etc. Ils aiment bien donner des noms chelous à leurs types de maison : Ecodôme, Earthship, Earthbag, Kerterre. Il y a même des maisons flottantes !

    L’écodôme de Raquel en Espagne (2014)

    Dans l’un de ses articles, elle tourne à la dérision les peurs que l’on peut avoir de la vie en van : être enfermé dans un petit espace, ne pas pouvoir se laver, être seul, que ce soit trop cher…

    Les témoignages et les photos me font rêver. Se coucher dans des endroits sublimes, près des lacs, au sommet d’une montagne. C’est un peu comme en rando, mais avec beaucoup plus de confort. J’ai pas mal de potes qui font de la randonnée pendant l’été. Ils adorent. Je n’ai jamais trop eu l’occasion d’en faire. Ça me tente, mais j’appréhende aussi de dormir sous tente au milieu de la nature. Je pense qu’avec un camion, j’oserai sans doute beaucoup plus. C’est vrai que l’espace du camion n’est qu’un espace pour transporter ses affaires et se mettre à l’abri en cas de pluie, mais sinon, on doit passer son temps dehors. Enfin pendant la belle saison…

    Il y a plusieurs articles sur l’hiver en camion. Elle parle des différents types de chauffage. L’idéal semble être des chauffages à gaz avec évacuation des gaz brûlés, qui sont plus facilement mis en place par des professionnels. Il faut aussi une bonne isolation. En gros, c’est un critère à prendre en compte dans l’achat d’un camion déjà aménagé si jamais on veut y vivre toute l’année.

    Il y a plein d’infos sur les installations électriques. On utilise le gaz autant que possible : pour cuisiner et pour se chauffer notamment. L’électricité fonctionne avec les panneaux solaires, mais aussi avec l’alternateur du camion, qui recharge la batterie du moteur quand on roule. Un système permet de recharger en même temps une deuxième batterie, qui sert pour la vie quotidienne. Il semble que les réfrigérateurs fonctionnent sur différents systèmes : au gaz quand on est arrêté, avec électricité de l’alternateur quand on roule ou avec une prise extérieure quand on a accès à l’électricité d’une maison ou d’une aire de camping-car. En fait, l’électricité produite par les panneaux solaires et les circuits électriques dans le camion ne sont pas les mêmes que ceux que l’on trouve dans une maison, ça fonctionne avec une puissance de 12V à la place de 220V (je comprends pas trop ce que ça représente, mais… ok). Il faut donc un convertisseur 12V/220V pour pouvoir brancher le matériel que l’on utilise régulièrement sur les prises électriques du camion. Pour imaginer son système, il faut calculer combien on consomme et on ne peut pas utiliser les outils trop énergivores (moins de 500W dans l’idéal, il semblerait que les puissances des machines qu’on utilise soient toujours indiquées sur les étiquettes).

    Je regarde autour de moi ce qui fonctionne avec de l’électricité pour me rendre compte. Mon radio-réveil, ma lampe de chevet, mon chargeur de portable, mon ordinateur, mon piano numérique, mes enceintes. Dans la pièce commune, il y a la télé et ses différentes box (internet, jeux-vidéos), la chaîne hi-fi, le chargeur d’appareil photo, les différents luminaires. Dans la cuisine, le micro-onde, le four, les plaques vitrocéramiques, le frigo, le mixeur, l’appareil à raclette et les autres machines de mes coloc’. Dans la salle de bain, la machine à laver, le sèche-cheveux, le sèche-serviettes.

    Pour vivre en camion, je crois qu’il y a pas mal de choses qu’on n’utilise pas : piano numérique (pas la place de toute façon), micro-onde, sèche-cheveux et sèche-serviette, on oublie. Les lessives, on va à la laverie (je l’ai fait pendant des années, j’ai l’habitude). On a dit que les plaques et le frigo fonctionnent sur le gaz. Radio-réveil, téléphone, ordi, appareil photo, ça marche sur batteries rechargeables. Il reste quoi ?

    La télé. En vrai, on ne la regarde jamais dans ma coloc’, je crois que je ne l’ai vue allumée que pour regarder des matchs de foot ou des films. Mon ordinateur me suffit largement. Et les jeux-vidéos, c’est pas trop mon truc non plus.

    Box Internet. J’ai vu qu’on utilise le partage de connexion de son téléphone portable (une sacrée économie au final, car ces box coûtent quand même assez cher). Peut-être qu’on galère au niveau réseau dans la campagne, mais je me dis qu’il doit y avoir moyen de s’arranger.

    Les enceintes. C’est cool quand même d’avoir de la bonne musique dans les oreilles. À voir combien ça consomme.

    Et les autres ustensiles de cuisine. Ça marche un mixeur ? Faire de la soupe sans mixeur, ça doit être un peu relou. Je suis pas fan des morceaux de légumes dans leur bouillon. Et les carottes râpées… ? J’inspecte le mixeur. Il y a une étiquette dessous. 800W. Je crois que c’est mort. Il faudra que je regarde s’il y a quelque chose qui fonctionnerait dans un camion.

    Je récapitule : lumières, téléphone, ordinateur, appareil photo, enceintes. Et à voir pour le four et le mixeur. C’est pas fou en fait. Au final, ce qui consomme beaucoup, c’est pour se chauffer, faire chauffer (four, plaques de cuisine, micro-onde, sèche-serviette, sèche-cheveux), refroidir (le frigo) et cuisiner. Après il y a tous nos gadgets électriques et électroniques pour le divertissement. Ces trucs-là ne doivent pas consommer tant que ça si on les utilise peu, mais comme ils sont nombreux et qu’ils restent allumés toute la journée, ça fini par faire beaucoup.

    (…)

    C’est étrange quand même de calculer tout ça. Quand on vit en camion, on doit tout le temps faire attention à sa consommation, voire se retrouver sans électricité de temps à autre. Ça doit être un peu pesant. Ou peut-être qu’on s’habitue avec le temps. Éteindre son ordinateur quand on fait une pause ou qu’on arrête de travailler, charger ses outils quand il y a du soleil ou qu’on roule. C’est la mise en pratique obligatoire de ces « bonnes pratiques » avec lesquels on nous bassine depuis des années. Au moins, là, on sait concrètement pourquoi on le fait. On devient responsable de sa production et de sa consommation, c’est moins abstrait que la facture que l’on reçoit tous les trois mois.

    J’ai vu qu’en cas de problème, on peut toujours brancher la batterie sur une prise électrique sur une aire de camping-car pour la recharger.

    Ça se trouve facilement les aires de camping car ? Il y en a beaucoup ?

    Je tombe direct sur le site de Park4night, qui mutualise les bons plans en camion aménagé, camping-car et autres véhicules nomades. Je regarde la carte. Truc de ouf, il y a déjà près d’une dizaine de points rien qu’à moins de quinze kilomètres de chez moi. Il y a une aire de camping-car à côté du centre-ville, je n’étais même pas au courant. En même temps, c’est vrai que si on n’a pas de véhicule aménagé, c’est pas très utile de le savoir… Elle est bien cachée, pas loin du pont d’accès au centre qui doit être bien bruyant, mais au bord de la rivière. Ça doit être assez sympa de se poser dans ce coin.

    Quand je clique sur la présentation d’un spot sur la carte du site, ils indiquent si l’eau ou l’électricité sont disponibles à cet endroit. C’est donc aussi comme ça qu’on peut recharger son fourgon en eau. J’ai vu sur les annonces que la plupart des véhicules avaient des cuves d’eau propre.

    C’est bien foutu au final tout ça. Quand j’y pense, c’est vraiment comme une maison normale, mais en plus simple. Clairement, ce n’est pas le même confort, mais ça permet de comprendre comment fonctionne nos « chez-nous ». Repartir à partir de zéro, tout reconstruire, et se demander : de quoi ai-je vraiment besoin ? Ai-je vraiment besoin de ce micro-onde ? Ai-je vraiment besoin de tous ces objets qui m’entourent ? J’ai bien remarqué que tant qu’on a de la place, on a tendance à entasser des choses « qui pourront peut-être servir un jour ». Une transition par une mini-maison doit permettre de s’obliger à se poser toutes ces questions, revenir à l’essentiel. Pas forcément pour toujours, mais au moins, le fait de l’avoir vécu doit changer quelque chose dans son rapport au matériel par la suite.

    (…)

    Je crois que je suis vraiment tentée par l’idée de vivre une expérience comme ça.


    Références et sources

    Tiny House France : tinyhousefrance.org

    Toits Alternatifs : toitsalternatifs.fr
    L’article qui tourne en dérision les peurs de la vie nomade :
    10 raisons de ne jamais vivre en van ou en camion aménagé

    Park4night est un site internet, mais surtout une application mobile particulièrement utile lorsque l’on vit en camion aménagé. Elle permet de trouver des endroits où dormir, de l’eau de l’électricité et de nombreux autres services utiles, avec des commentaires postés par les usagers : park4night.com

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