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[Episode 9] Retour 3

    Nous partageons ici les textes de Gilles, de la Bergerie des Malassis, initialement publiés sur la page Facebook de La bergerie des Malassis.


    Je distribue le foin
    Aux chèvres
    A quelques mètres de la rue
    Un enfant de quatre-cinq ans
    Avec son père
    Passent sur le trottoir
    Et le petit garçon dit :
    Regarde Papa,
    Ca c’est le bouc.

    A Bagnolet
    Aux Malassis
    Chèvres, brebis et poules
    Ne sont pas que dans les livres
    Elles sont là
    Elles existent
    Tous les jours
    Elles ont un nom
    Et tout un environnement
    Inédit
    Dans la ville
    Dans notre banlieue
    Tant décriée
    Qui sert de bouc émissaire
    A tout les fachos
    Et opportunistes de tout bords
    Qui s’excitent particulièrement en ce moment
    Continuant à distillés leurs idées toxiques
    Comme un virus.

    Plein de mots incroyables
    Ici
    Dans la bouche de nos enfants :
    Chèvres, brebis, poules
    Bouc, bélier, coq
    Foin, paille, mangeoire,
    Bergerie, pré, traite, laine,
    Cabane, visseuse, scie,
    Jardin, prairie, compost,
    Tant de vocabulaire
    Dans leur cartable
    Sans notes
    Sans évaluation,
    Parce que les mots
    Sont aussi des choses,
    Des êtres,
    Des vérités,
    Pas pour tout le monde bien sur.

    A la Bergerie des Malassis
    Nous accueillons
    Nous rassemblons
    Nous agissons
    Nous protégeons
    Nous continuons à fabriquer
    Et à faire vivre un autre monde
    Un monde désirable
    Un monde vivant
    Qui échappe au cynisme
    Et aux calculs
    De personnes
    Qui ont pour seul but
    De conserver leur petit pouvoir
    Ridicule
    Face à l’intensité
    Et à toutes les beautés de la vie.

    Les masques tomberont
    Tot ou tard

    Leur laideur
    Et leurs trahisons
    Seront recouvertes
    Par une jungle
    Éclatante et rieuse

    Dans les quartiers populaires
    On se connait
    On vit ensemble
    Déjà
    Le lien social
    Comme ils disent
    Il saute aux yeux
    Comme les manquements de l’Etat.
    C’est chez les riches qu’il faut donner des subventions
    Pour que les gens
    Ait une vie de quartier !
    MDR

    Avant …
    On aurait dit
    « Non mais sans blague ! »

    C’est pourtant pas une blague
    Et on ne veut pas mourir de rire
    Pas de ce rire là

    Rire
    Mais pas de tout

    Habiter la planète
    Sans prendre toute la place
    Faire partie d’un tout,
    Oui, mais avec de la solidarité
    De l’égalité
    De droits
    D’expression
    Ils rendent le monde malade
    Pour se faire médecins
    La patience a des limites
    Non ?

    Quand nous avons eut peur
    Que ce soit la fin de cette îlot de quiétude
    De notre Bergerie
    De notre ferme fiancée entremêlée
    A l’école pêche d’Or
    Au bâtiment d’Abdel le magnifique
    A la rue
    Au quartier
    A tout ces cœurs qui battent
    Autour d’elle
    C’est un sentiment de responsabilité
    Qui nous a animé
    A défendre la Bergerie

    Comment tolérer
    Et assumer ensuite
    Que des bulldozers viennent rayer de la carte
    Ce lieu d’émerveillement et d’apprentissage
    Pour tellement d’enfants
    Ce refuge pour une relation encore possible
    Entre les citadins et les animaux
    En dehors de tout spectacle
    Au quotidien
    L’animal est une partie de nous
    Ce lieu d’échanges de discussions de fête
    Pour tant de gens
    Comment laisser la place
    A une ville sécuritaire
    Qui nous enferme de plus en plus
    En mettant en place des ersatz
    De nature show-biz
    Tenus par des acteurs dociles
    Pas toujours innocents
    Que répondre aux enfants
    Quand ils te demandent :
    C’est vrai qu’ils vont détruire la Bergerie ?
    On dit :
    Ne vous inquiétez pas, on va se défendre.

    Détruire
    Nous avons vu tant de destructions
    En une dizaine d’année aux Malassis
    Ils y ont été fort.
    Il n’y a pas le même déchaînement de travaux
    La même violence
    Dans tout les quartiers
    Dans toute les villes.

    Grace aux habitants des Malassis
    Et au delà
    Grace à tous ceux qui nous ont soutenus
    La Bergerie est toujours là
    Le symbole est intacte
    La carotte ça ne marche pas
    Le boycott ça ne marche pas
    L’usure ça ne marche pas
    Le mensonge et les rumeurs ça ne marche pas

    L’avenir de l’association
    De la Bergerie
    De touts les moments que nous passons ensemble
    A profiter et à imaginer
    Se jouera après les élections municipales
    Pour l’instant ce ne sont que des mots
    Qui ne sortent pas de la bouche des enfants
    Après des années de lutte
    Pour pouvoir continuer à travailler à Bagnolet
    Nous ne baissons pas les bras
    Et nous voyons toutes les graines qui sont encore à semer.

    Merci à tous celles et ceux qui nous aident
    A ceux et celles qui ont soutenu financièrement l’association à travers la collecte
    Sans vous, l’absence de revenus pour l’association pendant le confinement, et en particulier l’impossibilité d’acheter du foin, l’absence d’aide de la part de la ville, m’auraient poussé à vendre les animaux et à cesser toute activité.
    J’espère que les choses seront plus simples et plus apaisées pour nous tous dans l’avenir, et cela dépend avant tout de nous. C’est avant toute chose, le sens de ce texte. Merci encore.


    Retrouvez d’autres textes de Gilles sur le blog de l’association Sors de Terre et sur la page Facebook de la Bergerie des Malassis.

    Regardez aussi l’épisode de la websérie documentaire SideWays sur la bergerie des Malassis.

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