Nous partageons ici les textes de Gilles, de la Bergerie des Malassis, initialement publiés sur la page Facebook de La bergerie des Malassis.
Je distribue le foin
Aux chèvres
A quelques mètres de la rue
Un enfant de quatre-cinq ans
Avec son père
Passent sur le trottoir
Et le petit garçon dit :
Regarde Papa,
Ca c’est le bouc.
A Bagnolet
Aux Malassis
Chèvres, brebis et poules
Ne sont pas que dans les livres
Elles sont là
Elles existent
Tous les jours
Elles ont un nom
Et tout un environnement
Inédit
Dans la ville
Dans notre banlieue
Tant décriée
Qui sert de bouc émissaire
A tout les fachos
Et opportunistes de tout bords
Qui s’excitent particulièrement en ce moment
Continuant à distillés leurs idées toxiques
Comme un virus.
Plein de mots incroyables
Ici
Dans la bouche de nos enfants :
Chèvres, brebis, poules
Bouc, bélier, coq
Foin, paille, mangeoire,
Bergerie, pré, traite, laine,
Cabane, visseuse, scie,
Jardin, prairie, compost,
Tant de vocabulaire
Dans leur cartable
Sans notes
Sans évaluation,
Parce que les mots
Sont aussi des choses,
Des êtres,
Des vérités,
Pas pour tout le monde bien sur.
A la Bergerie des Malassis
Nous accueillons
Nous rassemblons
Nous agissons
Nous protégeons
Nous continuons à fabriquer
Et à faire vivre un autre monde
Un monde désirable
Un monde vivant
Qui échappe au cynisme
Et aux calculs
De personnes
Qui ont pour seul but
De conserver leur petit pouvoir
Ridicule
Face à l’intensité
Et à toutes les beautés de la vie.
Les masques tomberont
Tot ou tard
Leur laideur
Et leurs trahisons
Seront recouvertes
Par une jungle
Éclatante et rieuse
Dans les quartiers populaires
On se connait
On vit ensemble
Déjà
Le lien social
Comme ils disent
Il saute aux yeux
Comme les manquements de l’Etat.
C’est chez les riches qu’il faut donner des subventions
Pour que les gens
Ait une vie de quartier !
MDR
Avant …
On aurait dit
« Non mais sans blague ! »
C’est pourtant pas une blague
Et on ne veut pas mourir de rire
Pas de ce rire là
Rire
Mais pas de tout
Habiter la planète
Sans prendre toute la place
Faire partie d’un tout,
Oui, mais avec de la solidarité
De l’égalité
De droits
D’expression
Ils rendent le monde malade
Pour se faire médecins
La patience a des limites
Non ?
Quand nous avons eut peur
Que ce soit la fin de cette îlot de quiétude
De notre Bergerie
De notre ferme fiancée entremêlée
A l’école pêche d’Or
Au bâtiment d’Abdel le magnifique
A la rue
Au quartier
A tout ces cœurs qui battent
Autour d’elle
C’est un sentiment de responsabilité
Qui nous a animé
A défendre la Bergerie
Comment tolérer
Et assumer ensuite
Que des bulldozers viennent rayer de la carte
Ce lieu d’émerveillement et d’apprentissage
Pour tellement d’enfants
Ce refuge pour une relation encore possible
Entre les citadins et les animaux
En dehors de tout spectacle
Au quotidien
L’animal est une partie de nous
Ce lieu d’échanges de discussions de fête
Pour tant de gens
Comment laisser la place
A une ville sécuritaire
Qui nous enferme de plus en plus
En mettant en place des ersatz
De nature show-biz
Tenus par des acteurs dociles
Pas toujours innocents
Que répondre aux enfants
Quand ils te demandent :
C’est vrai qu’ils vont détruire la Bergerie ?
On dit :
Ne vous inquiétez pas, on va se défendre.
Détruire
Nous avons vu tant de destructions
En une dizaine d’année aux Malassis
Ils y ont été fort.
Il n’y a pas le même déchaînement de travaux
La même violence
Dans tout les quartiers
Dans toute les villes.
Grace aux habitants des Malassis
Et au delà
Grace à tous ceux qui nous ont soutenus
La Bergerie est toujours là
Le symbole est intacte
La carotte ça ne marche pas
Le boycott ça ne marche pas
L’usure ça ne marche pas
Le mensonge et les rumeurs ça ne marche pas
L’avenir de l’association
De la Bergerie
De touts les moments que nous passons ensemble
A profiter et à imaginer
Se jouera après les élections municipales
Pour l’instant ce ne sont que des mots
Qui ne sortent pas de la bouche des enfants
Après des années de lutte
Pour pouvoir continuer à travailler à Bagnolet
Nous ne baissons pas les bras
Et nous voyons toutes les graines qui sont encore à semer.
Merci à tous celles et ceux qui nous aident
A ceux et celles qui ont soutenu financièrement l’association à travers la collecte
Sans vous, l’absence de revenus pour l’association pendant le confinement, et en particulier l’impossibilité d’acheter du foin, l’absence d’aide de la part de la ville, m’auraient poussé à vendre les animaux et à cesser toute activité.
J’espère que les choses seront plus simples et plus apaisées pour nous tous dans l’avenir, et cela dépend avant tout de nous. C’est avant toute chose, le sens de ce texte. Merci encore.
Retrouvez d’autres textes de Gilles sur le blog de l’association Sors de Terre et sur la page Facebook de la Bergerie des Malassis.
Regardez aussi l’épisode de la websérie documentaire SideWays sur la bergerie des Malassis.