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Désobéissance civile contre gouvernement de plus en plus autoritaire !

    Ensemble sans peur”, c’est le nom de cette manifestation désobéissante qui a eu lieu le 19 février à Valence.

    Depuis notre arrivée en Espagne, nous avons pu observer une présence policière quasi-constante dans les rues des villes. Que ce soit des patrouilles à pied, en moto, à vélo ou des contrôles sur les routes, il nous a semblé que le gouvernement voulait montrer à tous qu’il est présent partout. Impressionné par le nombre de patrouilles à Valence, nous avons fait le compte : en une journée (2h30 de marche à pied dans la ville – en comptant large), nous avons croisé 22 patrouilles de police, soit environ une toutes les 6 minutes !

    La situation politique espagnole est actuellement tendue : les manifestations sont nombreuses et la répression de plus en plus dure. Afin de limiter les contestations, un projet de loi sur « la sécurité citoyenne », qui rend beaucoup plus complexe le droit de manifester dans le pays en instaurant de nombreuses sanctions, a été présenté au Conseil des ministres le 29 novembre dernier.

    Quelques exemples : manifester avec une capuche ou à visage couvert, utiliser des pancartes critiquant la nation espagnole, filmer ou photographier un policier en service : 30 000 euros d’amende ! Les interdits vont encore plus loin. Dorénavant, les groupes Facebook autour d’une opinion sont considérés comme des groupes non déclarés et leurs créateurs peuvent être sanctionnés. De nombreux espagnols appellent cette loi « la loi Mordaza », nom péjoratif donné aux lois restreignants la liberté d’expression.

    Pour approfondir le sujet, nous vous conseillons vivement la lecture de la lettre ouverte « Brisons le silence sur ce qui se passe en Espagne » de Astrid Menasanch Tobieson.

    A cela s’ajoute la contestation de la suppression de l’avortement (sauf si la la grossesse met en danger la mère ou si elle est le résultat d’un viol) voté en décembre dernier. L’avortement avait été pourtant légalisé il y a peu par le gouvernement socialiste, en 2010.

    Nous avons participé à cette manifestation « désobéissante » du mercredi 19 février à Valence. Appelée « Juntes sense por » (Ensemble sans peur), la manifestation avait pour objectif de défier les interdits de cette « loi Mordaza » à commencer par sa non déclaration officielle auprès des organes gouvernementaux.

    Parmi les plusieurs milliers de personnes qui composaient le cortège, une bonne partie avait le visage couvert d’une écharpe (sanctionné par 30 000€ d’amende). Les banques ont été des cibles privilégiées : messages peints sur les vitrines, distributeurs de billets incendiés (acte plus symbolique qu’effectif, ces derniers n’ont pas pris feu et sont toujours en service). Aussi, de nombreux drapeaux espagnols en papier ont été brûlés (sanctionné aussi par 30 000€ d’amende – en France la même infraction est condamnée à 1 500€ d’amende). Au milieu de la manifestation, un rassemblement sur une place a permis d’introduire un discours et de mettre en avant une vingtaine de femmes brandissant des pancartes pro-avortement.

    Anti-capitalisme, liberté et avortement étaient au coeur des slogans scandés lors de cette manifestation.

    Ce rassemblement a démontré la forte volonté de désobéissance civile non-violente. La plupart des interdits de la loi Mordaza ont été bravés au cours de la manifestation sans causer de quelconques dommages matériels (hormis quelques bombes de peinture sur des façades de banques et de grands magasins).

    Depuis la fin de l’après-midi, la présence policière avait été fortement renforcée dans le centre de Valence. De très nombreux fourgons ont accompagné la manifestation, ainsi que 2 hélicoptères ! Aucun heurt particulier le temps de la manifestation officielle. Mais un groupe d’une cinquantaine de contestataires sont restés après la manifestation et ont commencé à jouer au chat et à la souris avec les forces de l’ordre dans la vielle ville de Valence (où la présence de véhicules à moteur est très compliquée). Selon la presse locale, deux manifestants ont été arrêtés pendant la nuit. Ils sont accusés de dommages matériels et de désordre public.

    La conclusion de cette manifestation, c’est que la situation est tendue, le gouvernement va loin dans les interdictions avec cette loi sur la « sécurité citoyenne ». Quelques articles sur internet parlent de violentes répressions des manifestations en Espagne, nous ne les avons pas observé mais les manifestants ne sont pas prêt à lâcher l’affaire !

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