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[Episode 9] Victoire à la Bergerie des Malassis !

    Nous partageons ici les textes de Gilles, de la Bergerie des Malassis, initialement publiés sur la page Facebook de La bergerie des Malassis.


    Les petits mots de la Bergerie des Malassis – (Ça câline ça fait mal)

    J’ai acheté une nouvelle tondeuse. Demain, j’irai tondre aux prés jumeaux. Je referai l’allée centrale ; je longerai la clôture du pré avec la machine, pour que la différence entre la flore pâturée depuis huit ans par les chèvres et les brebis et celle tondue et retondue du chemin aie quelque chose de poétique, de beau, de parlant. Quand je tonds aux prés jumeaux, je me détends et je pense plus sereinement, plus profondément, malgré le bruit du moteur.

    Je penserai au rendez-vous que nous avons eu avec le Maire, vendredi dernier. Et je penserai, à la manière dont on peut rendre compte de ce qui nous a été dit au sujet du terrain de la Bergerie des Malassis et de l’école Pêche d’Or et au sujet du rôle de l’association dans la gestion des espaces verts collectifs ou public du quartier. L’asso protège et s’occupe, à sa façon banlieusarde, paysanne, pédagogique et sociale, d’au moins 6000 m2 de nature à Bagnolet ; je ne compte pas le parc du château de l’étang, où, grâce à notre activité d’élevage, incluant du parcours avec le troupeau, l’on peut croiser des animaux en liberté avec leur berger.

    Nous le faisons, sans la moindre convention avec la ville de Bagnolet depuis onze ans que l’association existe, nous le faisons sans aucun contrat d’entretien, si ce n’a été de 2015 à 2017, sur le terrain des prés jumeaux et de l’école Pêche d’Or.

    Vous-dis-je cela pour me plaindre ? Non. Je vous le dis, pour mettre en évidence, qu’il existe des marges, des solidarités et des espaces politiques informels en vigueur dans notre société qui permettent des actions de fond significatives avec une large indépendance avec le politique institutionnel et le monde marchand.

    Cette situation est gage de libertés et de créativité, elle est aussi assurément gage de précarité. C’est un dosage permanent entre liberté et précarité qui s’opère. Nous ne sommes pas responsables que de nous-même, ce serait plus simple. Nous sommes aussi responsables, de nos bêtes, de leur bonne santé, de leur nourriture quotidienne ; nous sommes responsables devant notre engagement associatif pour l’égalité des chances, pour le respect du vivant et pour la liberté d’expression et de création. Nous n’avons pas renoncé à rêver de justice, d’entre-aide et de beauté, et il se trouve que c’est le cas de beaucoup d’entre nous.

    Demain j’irai tondre aux prés jumeaux, entre la rue Raymond Lefebvre et la rue Girardot, il doit faire beau. Je penserai aux annonces que nous a faites le Maire : enfin un nouveau contrat d’entretien pour l’école Pêche d’Or et les prés jumeaux, ainsi que pour le terrain de 1000 m2 du Jardin aux balcons, à l’origine de la création de l’association en 2008, et pour l’espace vert de l’école Jules Vernes avec laquelle nous travaillons depuis neuf ans, et que nous entretenons de fait depuis plusieurs mois. Enfin, l’étau se desserre, et va permettre de faire encore un meilleur travail, tout simplement parce que comme tout travail, il sera rémunéré ; ni plus ni moins. A aussi été prise en compte la nécessité de valoriser et de transformer le square des mûriers entre la pharmacie et la crèche, qui n’est autre que l’entrée de l’école maternelle Henri Wallon et du Jardin aux balcons. A présent, aux paroles à se traduire en actes, en ce qui nous concerne, les actes précèdent la parole.

    Je vais aller jardiner sur les prés jumeaux demain, et je penserai aussi à ce qui a été dit en fin de réunion : Le Maire a dit à Eiffage qu’ils ne construiraient pas leurs deux bâtiments sur le terrain de la Bergerie et de l’école Pêche d’Or !

    Une victoire ? Certainement ; mais elle mérite, d’être mise en perspective, d’être définie précisément, d’être gravée dans le marbre, et de voir ses tenants et ses aboutissants bien reconnus. Nous y reviendront bientôt dans un prochain petit mot et nous en reparlerons de vive voix au prochain concert du mois de novembre à la Bergerie des Malassis.

    Merci à tous pour votre attention et votre soutien. L’aventure, le débat, la fête continuent.

    Il y a tant de choses à dire, à écrire, et nous avons si peu de temps … Les petits mots de la Bergerie diront un peu, souvent, c’est déjà beaucoup.


    Retrouvez d’autres textes de Gilles sur le blog de l’association Sors de Terre et sur la page Facebook de la Bergerie des Malassis.

    Regardez aussi l’épisode de la websérie documentaire SideWays sur la bergerie des Malassis.

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