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Nous dédions cet épisode à tous les jeunes, et moins jeunes, qui cherchent plus de sens dans leur vie.
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Une maison type "Earthship". C'est une maison qui ne demande pas de techniques complexes pour être construite, qui est fabriquée à partir de matériaux locaux ou recyclés, et qui a pour objectif d'être autonome en eau, électricité et en partie en nourriture.

Pour résumer, on peut dire que, théoriquement, une maison type Earthship peut être fabriquée par n'importe qui et qu'une fois qu'elle est finalisée, elle couvre tous nos besoins premiers.

Il s'agit d'une maison semi-enterrée afin de profiter de l'isolation qu'apporte le sol. Une large baie vitrée exposée au sud est utilisée comme serre de production et "tampon" thermique qui régule le froid en hiver et la chaleur en été.

L'eau de pluie est récupérée, filtrée, utilisée par les habitants, nettoyée et réutilisée afin de limiter les dépenses. L'eau est chauffée et l'électricité est produite via des énergies renouvelables.

Le modèle peut évoluer en fonction des moyens que l'on souhaite investir.

Un Earthship basique demande un investissement de moins de 20 000€ de matériaux. Le modèle global, plus complexe, permet d'obtenir le confort d'une maison classique.

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Fascinés par le concept de ces maisons autonomes, Thomas et Elza sont partis aux États-Unis pour les découvrir et participer à un chantier de construction.

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Quand j'ai visité la maison, j'ai compris.
C'était ça que je voulais faire.
Ça, pas autre chose.                         Thomas

Ils voulaient construire des maisons Earthship pour développer le concept en France. Ils ont cherché longtemps des financements, en vain.

Un voyage au Sénégal leur a donné l'occasion de mettre en pratique et d'approfondir les méthodes de constructions de Earthship. Accompagnés de Manal, ils ont bâti plusieurs écoles avec les maçons du village de N’Gogom.

L'envie de réaliser une maison-témoin en France était de plus en plus forte. Malgré leurs démarches, les organismes publics et financeurs privés restaient frileux. Jusqu'au jour où les parents de Manal ont proposé de financer le projet...

Habite ta terre, association de promotion des Earthship, pouvait enfin démarrer la construction tant rêvée.

Simulation 3D de la contruction de 2 maisons Earthship de l'association Habite ta terre

Ouvrir le chantier aux bénévoles, dans un esprit de partage de connaissances était une évidence. Mais, ils n'auraient jamais imaginé l'ampleur que cela allait prendre. Des dizaines de personnes ont répondu à l'appel pour une aide ponctuelle.

Parmi elles, plus de vingt personnes venues pour participer quelques jours, quelques semaines, ont décidé de tout quitter pour vivre cette expérience.

Les membres d'Habite ta terre et les bénévoles du moment écorces les troncs d'arbres qui porteront la toiture.

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Quand ils sont arrivés, les participants n'ont pas seulement découvert le chantier et des savoirs-faire. Ils n'ont pas seulement mis des images et des paroles sur une architecture spécifique, en lien avec leurs valeurs.

Ils ont aussi découvert une autre manière de vivre, d'autres rapports aux autres, un autre rapport au monde. Sans s'en rendre compte, dès le début, tous les éléments étaient réunis pour vivre une belle expérience collective.

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En fait, ici, c'est une micro-société où les rapports entre les gens sont très sains, il y a une bienveillance et une tolérance envers chaque personne. C'est un lieu où tu peux t'exprimer, où tu peux être toi, où tu peux être accepté comme tu es.

Ce qui change, c'est la manière dont on se parle, dont on fait attention les uns aux autres, dont on travaille ensemble, dont on partage des tâches. Il y a une espèce d'horizontalité, il n'y a pas de chef. Personne n'est indispensable et tout le monde est indispensable. C'est très reposant.

Juliette

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Depuis plusieurs années, Mathieu était maître d'oeuvre dans de grandes entreprises du bâtiment. Le travail qu'on lui demandait parlait de chiffres plutôt que de qualité. Il cherchait autre chose. Lorsqu'il a découvert les Earthship, il a été fasciné.

Informé du projet d'Habite ta terre qui commençait à prendre forme, il a été l'un des premiers à rejoindre Thomas et Manal dans l'association. Il ne s'attendait pas à découvrir tous les "à-côtés" qui se sont mis en place et qui modifient fondamentalement sa manière de travailler.

« Je pilote un peu le chantier, c'est ce que je faisais avant en entreprise. Mais en entreprise, si tu es le chef, les autres t'écoutent, obéissent, même si tu racontes des conneries.

Ici, ce n'est pas du tout comme ça. J'ai beaucoup travaillé sur moi, mais j'ai encore des vieux réflexes : "il faut faire comme ça, allez, on y va". Mais en fait, non. Il faut perdre ces réflexes. Il y a eu quelque clashs. Ici, chacun apporte son point de vue et on essaye de rester le plus horizontal possible.

On remet les choses à plat. Et humainement, ça change beaucoup de choses dans les relations qu'on peut avoir les uns par rapport aux autres. Ça fait travailler beaucoup sur la confiance qu'on doit avoir les uns dans les autres, il faut lâcher prise, il faut faire confiance aux gens.

Même si on se trompe, ce n'est pas grave, on va grandir de notre erreur et au moins tout le monde va apprendre. On se met tous au même niveau et si on doit avancer, on avance tous ensemble.

Mathieu

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Nous sommes nombreux à ne pas nous sentir satisfaits de la vie que l'on mène. On aspire à autre chose : à un travail qui a du sens, à vivre selon ses valeurs, à prendre le temps de réaliser ses passions, à voyager, à découvrir, à vivre tout simplement.

Mais les freins sont nombreux : la peur de manquer d'argent vient souvent en première place, le regard de la famille et des amis, le manque de confiance en soi, la peur de ce qui peut nous arriver.

Jusqu'au jour où, comme la plupart des membres du collectif Habite ta terre, on fait quelques pas en avant.

Pas grand-chose, cela n'engage à rien. Un chantier participatif. On part pour quelques jours.


Ils auraient pu arriver n'importe où. Mais ils sont arrivés ici, à Champs-Romain. Ils ne s'agissait plus de paroles ou du rêve d'un autre monde. Il était là. Ils le vivaient. C'était construit, c'était simple, c'était logique. D'un seul coup, toutes les peurs ont disparues.

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En passant une semaine ici,
c'est impressionnant ce qui peut se passer,

c'est un petit rêve en accéléré,

et pour ceux à qui ça plaît, ça peut continuer.

Maeva

Car cette utopie n'est pas une rêve lointain. Elle existe. Un peu partout en France, un peu partout dans le monde, des personnes se sont regroupées, se sont organisées, ont expérimenté. Aujourd'hui, ces utopies concrètes sont de plus en plus nombreuses à émerger. Mais comme le dit Thomas :

« Tant qu'on ne l'a pas vécu, on ne peut pas le comprendre. Il faut le vivre. »

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Il ne s'agit pas d'un paradis sur terre. Souvent ces expériences nécessitent beaucoup de travail et une vie plus simple. La simplicité signifie moins de confort et moins d'argent.

À Champs-Romain, cela prend la forme d'une vie collective et d'un chantier participatif. Pour certains, il s'agit de partir vivre en camion pour travailler sur les routes. Et pour d'autres encore, il s'agira de repenser leur travail pour qu'il corresponde à leurs valeurs et à leur envie d'exercer leur passion sereinement.

Il y a beaucoup de prises de conscience qui ne sont pas toujours faciles à décrire. On se rend compte qu'on peut trouver notre espace personnel de mille façons : dans une caravane ou dans un moment de calme.

Les aspects « négatifs » de cette nouvelle vie sont très largement compensés par ses aspects positifs : la motivation dans l'action, le sens de ce que l'on fait, la joie des relations saines avec les autres, la satisfaction de vivre la vie qu'on a choisie et non pas celle qui nous a été proposée par défaut. Comme le dit Elektra dans l'épisode 3 :

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[Ces contraintes] ne sont pas des contraintes mais sont, au final,
le symbole de notre liberté.

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Ce que l'expérience de Champs-Romain a de particulier par rapport à d'autres expériences de vie « hors cadre », c'est d'être un collectif dans lequel les relations interpersonnelles semblent plus simples et plus apaisées qu'ailleurs. Cela ne signifie pas que tout le monde est ami avec tout le monde et que les conflits sont inexistants, mais plutôt qu'ils sont le plus souvent canalisés avant de devenir problématiques.

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Il y a un truc qui m'impressionne ici,
c'est la vitesse de résolution des conflits.

Dès qu'il y a un quiproquo entre plusieurs personnes, dans les 48h, c'est réglé.

Les gens discutent entre eux, discutent avec d'autres membres du collectif. Il y a une bienveillance qui fait qu'il ne va pas y avoir des groupes qui vont se former l'un contre l'autre.

Jacques

Bruno a vécu dans de nombreux collectifs, notamment dans des fermes bio qui accueillaient des woofers. Il est arrivé presque par hasard à Champs-Romain, il venait uniquement pour rendre visite à une amie.

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Dans les autres collectifs, j'avais rencontré des dysfonctionnements qui faisaient que je n'y trouvais pas mon compte. Je me demandais si la vie collective me convenait, en tout cas sur du long terme. J'ai trouvé ici des choses que je cherchais depuis pas mal de temps.

J'ai eu le sentiment d'être face à un groupe équilibré en terme de relation de pouvoir.

Chacun a sa place dans les prises de décision, il n'y a pas de hiérarchie non avouée.

Bruno

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Tout en découvrant le projet et en recueillant les témoignages des uns et des autres, nous nous sommes demandés quels éléments participaient à rendre les relations interpersonelles aussi fluides.

Ces éléments sont nombreux, spécifiques au contexte du projet et au groupe.

Nous avons voulu présenter ceux qui nous semblent être les éléments principaux. Une sorte de #CodeSocial qui pourrait inspirer d'autres initiatives...

 
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1  L'utilisation d'outils participatifs.

Manal avait réalisé un stage d'éducation populaire et souhaitait utiliser les outils qu'il avait découvert. Les premiers bénévoles ont donc pris part à une semaine d'organisation du chantier participatif.

Cela prenait la forme d'exercices pour apprendre à se connaître les uns les autres, pour apprendre à travailler ensemble, à communiquer, etc.

« Les outils facilitent vraiment beaucoup les échanges.

Par exemple : on fait très attention à la façon dont on parle quand on est en réunion, à comment on parle et à nos émotions.

Au début, au cours des réunions, les échanges pouvaient partir en coup de sang, on se répondait beaucoup. Petit à petit, on a pris un rite, « on prend » et « on laisse ». Au début ça a été dur, maintenant c'est automatique. Quant on a pris la parole, on sait qu'on a le temps de parler, d'être sûr de pouvoir dire ce que l'on a à dire.

Mélanie

[NA : chaque participant à la réunion dit « Je prends » avant de parler et « je laisse » quand il a terminé. Personne ne doit l'interrompre.]

Un outil aussi simple que le « je prend, je laisse » permet d'apaiser les discussions grâce à la lenteur du débat. Les réunions n'en sont pas rallongées pour autant car les tentatives de convaincre l'autre et les batailles d'ego sont moins nombreuses.

De nombreux outils sont ainsi utilisés pour faciliter la communication entre les personnes, résoudre les conflits, faciliter les prises de décision, partager les informations importantes, etc. Différents rôles sont attribués au cours des réunions, les prises de responsabilités sont clarifiées, les tâches sont réparties et organisées sur une base volontaire, etc.

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On voit que c'est possible de prendre
des décisions à 15, 20, 30 et d'avancer.

Jacques           

L'organisation et la gestion du groupe est donc grandement facilitée par la connaissance de ces pratiques, créées et améliorées au fil des années par des centaines de groupes et de projets à travers le monde. Les outils utilisés évoluent au fil du temps, des besoins et des expériences de chacun. De nouveaux membres ont réalisé d'autres types d'ateliers pour faciliter la vie collective, telle que la Communication Non Violente (CNV).

 
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2  L'objectif commun existe
avant le collectif de vie.

C'est un objectif fort qui a rassemblé tous les membres dès l'origine. Il permet d'avoir une cohésion qui n'est pas liée uniquement au fait de vouloir vivre ensemble. Il permet également de passer du temps ensemble, de transpirer ensemble. Les moments passés à construire dans le même but resserent les liens et facilitent du même coup la vie commune.

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C'est dans le faire ensemble que se construit le collectif,
on ne peut pas seulement décider de vivre ensemble,
c'est important d'être dans l'action.

Bruno

 
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3  Le chantier a une fin.

C'est un projet qui durera encore un an, peut-être deux. Quand le chantier sera terminé, le collectif tel qu'il existe aujourd'hui disparaîtra en même temps.

Beaucoup de collectifs se créent autour de la volonté de vivre ensemble, les activités se développent alors en fonction des énergies en présence. Les exigences sont fortes en terme de relationnel, il est important d'être sûr que nous sommes avec les bonnes personnes car on s'engage sur le long terme.

À Champs-Romain, les exigences d'entente et d'affinité entre tous les membres du collectif ne sont pas les mêmes. Savoir que le chantier a une fin permet d'éviter les projections sur le long terme, et donc des conflits qui auraient lieu ailleurs.

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La fin du chantier sera l’élément déclencheur.

À nous de faire le chemin pour savoir où on va, tous ensemble ou pas tous ensemble.

Il faudra qu'on trouve un autre chantier participatif, ou un autre projet qui nous stimule, quelque chose qui nous donne envie d'avancer ensemble.

Thomas

 
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4  Absence de relation d'argent et liberté totale d'activité.

Dans le collectif, les dépenses (nourriture, loyer) sont financées au coût réel : 30€ par personne et par semaine pour la nourriture et les charges (eau, électricité), 20€ de plus par mois si on dort dans la maison. Le camping sur le terrain est gratuit. Grâce à la mise en commun des achats et des espaces, le minimum nécessaire est assuré pour 120 à 140€ par mois.

Cette somme est suffisamment faible pour permettre à la majorité de pouvoir l'assurer par le biais de ses économies, de son travail saisonnier ou des aides sociales.

Parallèlement, la maison ne doit pas être terminée pour une date déterminée. La vitesse de construction n'est pas une source de stress.

Il n'y a donc pas de relation d'argent entre les membres du collectif, ni entre le collectif et l'extérieur. Chacun payant les dépenses liés à sa présence, le fait de vivre sur place n'est lié à aucun engagement spécifique, chacun est libre de disposer de son temps comme il le souhaite pour réaliser ce qui lui plaît.

Mélanie est arrivée sur le chantier en mai 2015. Après avoir tassé son premier pneu, elle a pris conscience de l'énergie nécessaire à ce travail et que cela ne lui correspondait pas.

Elle est restée et a participé à sa manière en fonction de ce qui lui plaisait et qui était utile aux autres. Elle a commencé à masser les corps fatigués par les activités intenses et participé à l'intendance : organisation des arrivées, accueil, cuisine, etc. Elle prend un grand plaisir à tisser des liens avec les voisins et les habitants du village. Elle prépare également la création d'une micro-entreprise basée sur la création d'objets fait-maison.

De nombreuses autres activités ont été créées par les membres du collectif en parallèle du chantier ou sont en cours de gestation pour la création d'activités futures notamment un projet de réouverture de l'école du village avec une pédagogie alternative, la reprise de l'ancien bar pour le transformer en local citoyen ouvert avec café, ateliers, salle de spectacle, etc.

Il y a beaucoup de gens qui sont
arrivés ici et qui se rendent compte
qu'on ne leur demande rien.


S'ils le veulent, ils peuvent juste vivre ici avec les avantages liés au collectif.

Ils se mettent à réfléchir à ce qu'ils veulent vraiment, la manière dont ils veulent occuper leurs journées pour que leur activité ait du sens, pour faire quelque chose qu'ils aiment.

J'ai fait ce travail moi-aussi, et il est encore en cours. Ici, je fais les choses parce que je me sens vraiment utile à faire ça. C'est beaucoup plus motivant que de courir après un salaire.

Mathieu

 
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5  Travail sur soi et remise en question permanente.

Interviews après interviews, nous avons été étonnés qu'un mot reviennne dans toutes les bouches : "Bienveillance". Et cela ne semble pas être qu'un mot, mais bien la mise en pratique de ce que ce mot signifie.

Chacun des membres que nous avons interrogé nous indique faire un travail sur lui-même, questionner ses sentiments négatifs quand ils surviennent, se remettre en question. Chacun est conscient que nous avons été formés dans une société individualiste avec des habitudes assez peu compatibles avec la vie en commun.

La majorité des membres du groupe découvre un mode de vie qu'ils ne connaissaient pas, au sein d'un univers totalement nouveau, dans lequel ils n'ont pas de passif. Ils sont en période d'apprentissage, de transition, de réflexion, de changement. C'est une période propice à la remise en question personnelle. Il n'y a pas de conflits antérieurs qui entrent en ligne de compte. Tout est neuf.

Vivre quelques temps cette expérience est quelque chose d'assez magique. Mais le sentiment de nouveauté, d'apprentissage et de remise en question est rarement durable. Il faudra le cultiver. Et ce sera le défi quotidien de chaque membre du groupe pour les mois et les années à venir...

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Toutes ces petites briques mises les unes avec les autres participent au cadre du collectif et facilitent la création de relations saines entre les membres. Elles sont spécifiques à ce projet, ne sont pas reproductibles tel quel, mais donnent des pistes pour réfléchir à la construction de projets communs.

Suivre l'évolution du collectif sur un temps plus long, notamment après la fin du chantier sera particulièrement intéressant. Quoi qu'il en soit, des bases saines sont installées pour lancer une dynamique durable sur le territoire.

Et ces bases ne se résument pas à la vie à l'intérieur du collectif, elles s'étendent au-delà, dans leurs relations avec le voisinage.

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Avant même de devenir propriétaires, Thomas et Manal sont allés rencontrer le maire, étape indispensable afin de s'assurer de son soutien au projet afin de faciliter les démarches juridiques. Mais ils n'ont pas pensé à contacter directement les habitants... Quand le terrain s'est empli de pneus, les rumeurs ont circulé : "mais que font-ils ? Un camp de réfugiés syriens ?!"

L'équipe a alors organisé un événement en invitant tous les habitants du village. Ils ont visité le chantier, expliqué le concept, montré les plans et les animations 3D. Ils ont répondu à toutes les questions en suspens, la rumeur s'est tue.

« Après la visite du chantier, les gens sont venus nous voir, on a commencé à créer des liens. Un monsieur âgé passait tous les jours devant la maison. Maintenant il attend devant la porte pour voir s'il n'y a pas quelqu'un qui va passer pour discuter, parce qu'il a besoin de ça, et on est là pour ça aussi. » Mélanie

Certains membres du collectif s'impliquent particulièrement dans la vie du voisinage par des discussions, des cafés pris chez les uns et chez les autres, des échanges de plants au printemps, des coups de main de désherbage, de plomberie, de ce dont il y a besoin...

L'idée d'organiser des soirées pour les villageois dans la salle de fête a rapidement émergé. Repas, spectacles et musique, le tout à prix libre. Une nouvelle occasion de faire connaissance et casser les appréhensions.

La propriétaire de la maison qu'ils louent, fille du village partie travailler en ville, leur envoie des messages de remerciement. Ses parents apprécient l'énergie de ces jeunes qui ont débarqué d'on ne sait où. D'autres voisins leurs font des cadeaux.

« En décembre, il y a un sapin de Noël qui a poussé sans qu'on le sache. C'est des voisins qui l'ont récupéré, qui l'ont décoré, et qui l'ont ramené dans le salon. On est arrivé, on a ouvert la porte et on l'a vu. C'était trop chouette ! » Mélanie

Le maire du village les soutient, mais sans trop d'excès dans la parole publique. Il sait que, comme tout projet qui sort des normes, l'avis des villageois n'est pas unanime. Mais ce qu'il voit aussi, c'est qu'une trentaine de jeunes a investi le village. Parmi eux, il y a des parents de jeunes enfants, il y a aussi de futurs parents.

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Le maire est conscient qu'une dynamique se met en place, que plusieurs personnes cherchent à acquérir des terrains dans les environs. Si une entreprise de soutien à la création de maisons Earthship est créée à la fin du chantier, il est très probable que son siège prenne place à Champs-Romain.

L'idée de cette entreprise est très présente dans l'esprit de plusieurs membres d'Habite ta terre. La construction de la maison-témoin n'est qu'une étape. Elle permet d'adapter le concept Earthship aux spécificités du climat français et d'avoir un exemple concret à présenter. Il est probable que les projets de construction se multiplient à partir de cette base. Si c'est le cas, une partie des bâtisseurs actuels souhaiterait pouvoir mettre à profit leur expérience pour proposer du conseil et l'accompagnement.

La mise en place concrète de cette entreprise ne pourra se concrétiser qu'à la fin du chantier, mais elle a d'ores et déjà mis le pied à l'étrier en proposant ses prestations à un couple de constructeurs du Lot.

Et à l'image de cette volonté d'entrepreunariat, chacun réfléchit à la suite, à ce qui portera ses pas à la fin du chantier.

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Car cette expérience est une étape, une passerelle dans la vie de chacun. La vie à Champs-Romain est un déclencheur, elle permet de sauter le pas, de quitter les appréhensions liées à l'argent, au regard de la famille et des amis. Elle permet de prendre confiance en soi, de faire confiance aux autres et aux possibles que la vie offre.

Elle offre également un temps de pause. Un moment intense, mais en même temps très profond.

Nombreuses sont les discussions autour du sens de sa vie, de son action, de ses rêves. Prendre le temps de chercher en soi-même qui l'on est, ce que l'on ressent, quelle est notre place sur cette terre. Elle permet de remettre en question tout ce qui a amené là où l'on est, de prendre du recul, de tourner une page.

Et à partir de cette nouvelle page blanche, de poursuivre notre histoire...

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Le projet Habite ta terre est l'une des multiples expérimentations qui ont lieu aujourd'hui en France et dans le monde.

Sans que cela soit organisé au départ, de nombreux élements ont été mis en place, permettant à un collectif d'émerger, de créer une symbiose, une émulation qui donne de l'énergie à ceux qui la croisent.

Sa valeur existe en tant que telle, pour l'impact qu'elle a généré chez de nombreuses personnes. Mais sa valeur existe également en tant que membre d'un mouvement plus global. Elle apprend des autres initiatives qui ont émergé depuis des dizaines d'années.

Elle poursuit la route déjà débutée par les constructeurs de Earthship, par le mouvement de l'éducation populaire, par les mouvements sociaux, par les associations locales, et par tous ceux qui travaillent dans l'ombre pour créer un monde plus solidaire.

À son tour, elle transmet à ceux qui viennent la découvrir. Elle partage son expérience concrète, par l'action plus que par les paroles.

Chacun de nous peut prendre part, à sa mesure, à ce mouvement global.

Nous ne savons pas si cela changera le monde, mais cela contribuera déjà à changer notre vie, à nous faire grandir et à apporter du positif là où nous aurons décidé de le vivre.

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FIN

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