Cet article relaye plusieurs informations publiés par les habitants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes :
- Un texte invitant à défendre d’autres manières d’habiter
- Des informations relatives au cadre juridique des expulsions prévues
- Un appel à rejoindre la ZAD et à agir face à l’intervention des forces de l’ordre (à la ZAD et ailleurs)
Comme à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, défendons d’autres manières d’habiter
Texte publié sur Médiapart le 6 avril 2018 (lire le texte d’origine)
La victoire contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes est celle d’une mobilisation large et diverse. Dans la multiplicité des moyens de lutte qui y ont contribué, la résistance par l’occupation pérenne de la zone à défendre (ZAD) a une place primordiale. En continuant à faire vivre ce territoire, les anciens et les nouveaux habitants ont permis pendant plus de dix ans d’empêcher la destruction des terres naturelles et agricoles. Ils ont pris soin de ces espaces en élaborant de nouvelles formes d’organisations collectives et en développant des activités : menuiserie, boulangeries, cultures collectives de légumes et de céréales, bûcheronnage, bibliothèque, vergers, brasserie, fromagerie, conserverie, forge, tannerie, herboristerie, musique, sérigraphie… Ils ont ainsi démontré qu’il était possible de vivre autrement, loin des scénarios étatiques d’une agriculture industrielle et standardisée, tant à travers des modes de construction autres que des façons d’imaginer un avenir viable et durable pour les territoires ruraux et agricoles.
Un territoire en commun
Dans ce bocage se sont inventées et tissées des formes de vies diverses, aspirant à une meilleure harmonie avec le territoire qu’elles occupent. Dans les interactions entre habitants « historiques », paysans, squatteurs, voisins, animaux sauvages ou d’élevage, herbes, insectes et arbres, mais aussi avec toutes celles et ceux qui passent par là, amis, étudiants, militants, voyageurs, artisans, s’est construit un territoire commun, au-delà de la propriété, des habitudes et des appartenances. Cette expérimentation grandeur nature et à long terme amène chacun à évoluer dans ses représentations et ses pratiques, bien au-delà de ce bocage. En cela, l’horizon joyeux qu’ouvre la ZAD ailleurs que dans les métropoles nous concerne tous.
Habiter et bâtir autrement
La ZAD, c’est aussi l’aventure de ses constructions. Ce sont des corps de ferme rénovés lors de grands chantiers collectifs, de nouveaux hangars agricoles aux charpentes impressionnantes ; c’est aussi la force poétique des nombreuses cabanes dans les arbres, au milieu d’un lac, au coin d’une friche, ou d’un champ ; c’est aussi la présence d’habitats légers ou nomades, camions, caravanes, yourtes qui complètent ce paysage habité.
Hors-norme, multiples, divers, poétiques, adaptés, bidouillés, légers, sobres, précaires, faits de matériaux locaux ou de réemploi, en terre, en bois, en paille ou en récup, ces constructions répondent à leur échelle aux enjeux écologiques et énergétiques, à rebours du monde que l’industrie du béton et de l’acier est en train de construire partout sur la planète. Elles sont aussi le résultat d’une inventivité architecturale, manuelle, bricoleuse et créative, favorisée par la stimulation collective de la ZAD, poussant les gens, habitués ou débutants, à se réapproprier l’acte de construire. La multiplicité des formes construites montre des possibilités d’habiter et de bâtir hors des logiques foncières et immobilières basées essentiellement sur la spéculation qui laissent peu de latitude aux habitants et aux architectes pour proposer des solutions alternatives.
Qui a traversé ce territoire, qui a participé à ses chantiers, sait la valeur des forces qui ont pu rénover ces fermes et construire ces cabanes. Car bien loin de l’image autarcique véhiculée à son encontre, la ZAD est un espace de passage, d’échange, un lieu qui fait école ; école de la vie, mais aussi école de l’habiter et du bâtir.
Ce qui s’y joue, c’est l’invention d’un vernaculaire contemporain fait d’enjeux mondiaux et de matériaux locaux. Ce qui s’y joue, c’est aussi la défense d’un patrimoine vivant issu d’une lutte solidaire qui ouvre nos imaginaires.
Contre la destruction de la ZAD
Nous sommes conscients que rendre nos sources d’énergie plus propres, nos bâtiments plus écologiques et nos villes plus vertes ne suffira pas à assurer un avenir soutenable. L’importance de trouver des formes de vies plus sobres en énergie et en ressources dans lesquelles s’engager pleinement, nous amène donc ici à défendre la ZAD, ses habitants, et leurs lieux de vie.
Au vu de la complexité de la situation, le débat autour de la légalité ne saurait aboutir à une résolution par la précipitation, la force et la destruction. C’est pourquoi un gel des terres et l’ouverture du dialogue réclamé par le mouvement anti-aéroport est la seule proposition qui fait sens.
Nous nous opposons donc à l’expulsion des habitants de la ZAD ainsi qu’à la destruction des formes d’organisation collective et des constructions atypiques qui s’y sont développées et s’y développent encore. Nous nous engageons à défendre ce qui s’y vit et affirmons que ces nouvelles manières de construire et d’habiter sont aujourd’hui légitimes et nécessaires au regard des enjeux auxquels font face nos sociétés.
Pour rejoindre cet appel
Défendre d’autres manières d’habiter
Informations relatives au cadre juridique des expulsions prévues
Communiqué du 6 avril 2018 des habitants de la ZAD (zad.nadir.org)
Référés sur les procédures expulsions – la préfecture dévoile ses cartes
La préfecture admet avoir mis en oeuvre des procédures anonymes alors même que les habitant.e.s concerné.e.s se sont identifié.e.s
Des habitant.e.s de divers lieux de la zad avaient fait la semaine dernière des recours vis à vis de la préfecture pour enjoindre celle-ci à rendre compte de son cadre légal et permettre que les personnes menacées d’expulsion aient accès aux procédures les concernant.
Quelques dizaines de minutes seulement après avoir reçu le mémoire de la préfecture et sans audience, le Tribunal Adminstratif a préféré se déclarer aujourd’hui incompétent. Cette décision du Tribunal administratif, purement formelle, ne valide en rien juridiquement l’expulsion annoncée.
En revanche notre demande de référé aura au moins forcé la préfecture à dévoiler un peu ses cartes. A la lecture de son mémoire en défense, nous devons conclure qu’il y a bien des ordonnances sur requête, c’est à dire des procédures anonymes d’expulsions, sur à peu près tous les habitats de la zad. Ces procédures court-circuitent les procédures classiques qui doivent permettre à n’importe quel habitant.e d’un logement menacé d’expulsion de se défendre au tribunal et d’avoir droit à des délais.
Dans notre cas, la justification de ces procédures anonymes repose d’après la préfecture sur la soit-disant « impossibilité » d’identifier les personnes habitant sur la zad. Les habitant.e.s de la zad n’auraient selon elle jamais fait aucune démarche en ce sens jusqu’en mars 2017. Ceci est absolument faux : des occupant.e.s logé.e.s dans des habitats situés sur de nombreuses parcelles de la zad se sont identifié.e.s par courrier, certain.e.s aussi tôt que 2013. Des lettres avec accusés de réception adre sées à la préfecture, AGO-VINCI et au tribunal d’instance ainsi que de nombreux articles de presse peuvent le prouver. La préfecture fait état d’un « manque d’empressement à saisir le juge » de la part des occupant.e.s. Nous pouvons là encore facilement prouver le contraire : les occupant.e.s de la zad avaient cherché à obtenir des informations sur les procédures, et fait des demandes à ce sujet aux tribunaux de Nantes et Saint-Nazaire dès l’automne 2016.
La préfecture avance enfin que « jusqu’à février 2018 , il était rigoureusement impossible à des personnes autres que les zadistes eux-mêmes de pénétrer sur l’emprise de la zad. » Des dizaines de milliers de personnes de tout ordre peuvent là aussi témoigner du caractère mensonger de cette assertion. La vérité est qu’AGO-VINCI n’a sans doute jamais essayé d’envoyer d’huissiers pour identifier les habitant.e.s des diverses parcelles qui pourraient être expulsées demain. Quand ces personnes l’ont faites d’elles-même, AGO-VINCI et la préfecture ont préféré l’ignorer.
De toute évidence la stratégie de la préfecture et d’AGO-VINCI est toujours de ne laisser aucune possibilité de recours contradictoire aux habitant.e.s, ceci afin que ces recours ne puissent arriver qu’une fois les maisons détruites et les personnes expulsées. Leur volonté de s’asseoir sereinement sur les bases élémentaires du droit au logement et du droit à la défense est donc aujourd’hui plus claire que jamais.
Appel à rejoindre la ZAD et à agir, ici et ailleurs, face aux expulsions
Ce mardi 3 avril, l’assemblée des usages appelait à se mobiliser face à l’annonce d’un ouragan gouvernemental sur la zad, en pleine période de montée en puissance des grèves, manifestations et occupations dans le reste du pays..
Alors que diverses informations laissent à penser que 2500 policiers pourraient venir dès ce lundi dans le bocage procéder à des opérations d’expulsions et de destructions d’habitats, une assemblée extraordinaire s’est réunie ce soir dans une wardine pleine à craquer. L’assemblée a souhaité apporter des précisions et points de rendez-vous supplémentaires.
/// Un appel à venir dès ce week-end sur place et à rejoindre les divers lieux d’accueil (voir précisions sur le site zad.nadir.org)
/// Un appel à rejoindre lundi dès 4h du matin trois lieux de rassemblement pour pouvoir se répartir ensuite sur les divers points nécessaires (regarder site avant au cas où l’opération policière ait été reportée)
—- L’un au niveau des fosses noires « camping des cheveux blancs » / lama fâché (au croisement de la d281 et de la route des fosses noires – voir carte sur le site))
—- L’autre au niveau de l’ambazada (au croisement de la d81 et du chemin de Suez – voir carte sur le site)
L’heure de rdv est matinale, mais il faut compter sur la possibilité de ne pouvoir se garer directement à proximité et de devoir marcher un moment pour rejoindre les lieux de rendez-vous puis les points de blocages. L’opération d’expulsion pourrait commencer dès 6h du matin. Si vous ne pouvez y être avant cette heure là, il sera toujours utile de chercher à rejoindre la zone plus tard. Préparez vous en ce cas à être inventif, déterminé.e et à devoir faire un peu de course d’orientation à travers champs et chemins.
/// Un rassemblement devant la préfecture à Nantes et place Sainte-Anne à Rennes à 18h suite à une journée d’expulsion.
/// Une assemblée à 21h à la wardine après une première journée d’expulsion – un second-rendez vous d’assemblée pourra être donné à Nantes en cas de difficulté pour un certain nombre de soutiens à se rendre sur la zad.
/// Une manifestation le samedi après une semaine d’expulsion à Nantes – rendez-vous 15h place du cirque
/// Une convergence sur la zad le dimanche après une semaine d’expulsion pour sortir du sol les milliers de bâtons du 8 octobre 2016, pour reconstruire…
/// En plus des rassemblements et occupations le soir même sur les places des villes et devant les mairies et préfectures, d’autres rassemblements et blocages peuvent être pensé sur des sites stratégiques à l’instar de ce qui a pu être fait par le passé devant l’usine d’armement de pont de buis. Les comités de soutien peuvent signaler leurs rendez-vous et actions au site zad.nadir afin qu’ils soient relayés.
Avant de venir, renseignez-vous au maximum afin de comprendre la situation, et à votre arrivée adressez-vous à l’un des espaces d’accueil, prenez le temps de discuter avec les personnes sur place.
Pour accéder à la zone, voir ici : http://zad.nadir.org/spip.php?article7.
Prenez aussi le temps de lire les informations mises en ligne par l’équipe légale : https://zad.nadir.org/spip.php?rubrique56.
Pour avoir les dernières infos sur ce qui se passe sur le terrain et sur les présences policières, écoutez à tout moment radio klaxon 107.7 et pensez à vous munir en ce sens d’une petite radio portable. Vous pouvez aussi suivre les infos en vous abonnant au compte twitter ZAD_NDDL
Des précisions du site de la zad sur l’état d’esprit dans lequel se pense la mobilisation sur le terrain : http://zad.nadir.org/spip.php?article5299#info2018-04-06-15-11
Une invitation relire ci-dessous à ce sujet l’appel de l’assemblée des usages de mardi face à l’annonce d’expulsions imminentes sur la zad.
Merci de vos soutiens, de toutes sortes. Le printemps est là, La zad fleurira !
Appel de l’assemblée des usages face à l’annonce d’expulsions imminentes sur la zad
Le 10 février, quelques semaines après l’abandon du projet d’aéroport, des dizaines de milliers de personnes ont une nouvelle fois convergé à Notre dame des landes pour enraciner l’avenir de la zad. Depuis, les assemblées des usages (*) se sont engagées dans la poursuite concrète de ce projet et en ont posé les bases lors d’une amorce de dialogue avec des représentants du gouvernement. Pendant la phase de transition annoncée, une première convention collective globale est proposée par le mouvement sur les terres et habitats pris en charge par le mouvement.
Mais le gouvernement menace toujours de mener des opération d’expulsions des habitats de la zad. Une opération mobilisant des milliers de policiers est annoncée aux alentours du lundi 9 février. Nous dénonçons le double jeu du gouvernement qui annonce vouloir un évolution « sereine et apaisée de la situation » tout en planifiant en opération d’expulsion par ailleurs illégale. Nous ne pouvons accepter que les habitant.e.s actuel.le.s qui ont préservé ce bocage soient évacué.e.s demain. Nous ne pouvons envisager que des habitats et espaces d’activités qui ont nourri l’expérience de la zad et qui jalonnent sont devenir soient détruit par une nouvelle opération policière. Nous invitons toutes celles et ceux qui soutiennent l’avenir de la zad à s’organiser en conséquence.
En cas d’expulsions d’habitats, nous appelons à différents types de réponses à plusieurs échelles géographique.
SUR LA ZAD ET JUSTE AUTOUR
Appel à participer aux chantiers prévus en avril pour renforcer les lieux de vie et structures d’activités de la zad
Appel en cas de démarrage d’opération à venir s’opposer aux expulsions sur la zone même.
Nous avons d’ores et déjà décidé collectivement que hors intervention imminente, les routes de la zad doivent rester circulantes pour les besoins des habitant.e.s, des paysan.ne.s et des voisin.e.s. En cas d’attaque policière, c’est ensemble que nous les bloquerons si nécessaire. Nous demandons aux soutiens extérieurs d’agir de manière concertée à ce sujet. Des espaces d’accueil seront mis en place sur la zad et autour.
Appel en cas de destruction, à reconstruire.
A L’EXTÉRIEUR DE LA ZAD
Appel à rassemblements et occupations le soir même sur les places des villes et devant les mairies et préfectures.
L’assemblée des usages du mardi 3 avril.
(*) Les assemblées des usages se sont mises en place à l’été 2017 sur la zad de Notre-Dame-des-Landes. Elles regroupent les usager.e.s régulier.e.s de la zad – habitant.e.s, voisin.es, paysan.e.s des alentours, personnes impliquées dans des projets sur place et les différentes composantes du mouvement. Elles se sont données pour but de penser et construire la prise en charge collective de ce territoire en cohérence avec les 6 points pour l’avenir de la zad (https://zad.nadir.org/IMG/pdf/6pointszad-a3-2.pdf). Hier soir, cette assemblée a décidé de lancer un appel face à l’annonce d’expulsions imminentes sur la zad.