Nous partageons ici les textes de Gilles, de la Bergerie des Malassis, initialement publiés sur la page Facebook de La bergerie des Malassis.
Les petits mots de La Bergerie des Malassis – (Ça câline ça fait mal)
J’ai dû prendre au pied de la lettre les paroles d’NTM, « Le monde de demain quoiqu’il advienne nous appartient, la puissance est dans nos mains alors écoute ce refrain ! ». Je l’ai écouté, écouté, écouté … je l’écoute encore.
Raggasonic chantait « Je ne sais pas comment la vie sera dans quelques années, je ne peux que voir et je ne peux que constater, comme vous je ne peux qu’espérer ».
Big Red ajoutait, « Tu ne récoltes que ce que tu sèmes, encore faut-il que ta semence soit saine ».
On était jeunes fous, inconscients, mais grâce au rap et au Hip-Hop on développait aussi une conscience sociale, politique, culturelle et artistique. Oxmo disait « C’est l’automne toute l’année et j’suis un arbre » et l’a on prenait une claque, et l’on découvrait que la poésie c’était pas ringard, et que notre vie était aussi poétique malgré toutes les casseroles qu’on charriait derrière nous.
Comme disait Passy, « le drame a son charme », et on se gonflait à bloc pour toujours repousser les limites, pour de bonnes raisons, la soif de liberté propre à la jeunesse, et pour de moins bonnes raisons, continuer à faire partie de la clique, le désir de pouvoir sur les autres, l’appât du gain pour avoir un peu de tunes, etc.
Jeunes banlieusards avec toutes les couleurs de l’arc en ciel, on partait à 7 ou 8 minimum sur Paris tellement on flippait de quitter notre coin, tellement on avait une vision paranoïaque de la ville. Les autres voyaient une bande, nous on était juste quelques jeunes qui voulaient découvrir le monde. Souvent, ça faisait pas 10 mn qu’on était arrivés qu’on se faisait contrôler, fouiller devant tout le monde, traités comme des merdes par la police.
On regardait la télé et les westerns, on a vite compris qu’on était les indiens. On s’est mis à fumer encore plus le calumet de la paix. Seulement, nos calumets ont fini par nous exploser à la gueule. On n’était pas mieux, on étaient pas pire que les autres.
J’en place une aussi pour les filles, qui échappent aux poussées dangereuses de testostérone, mais qui ont à faire aux mêmes problèmes que les mecs, et qui en plus doivent souvent faire face au machisme de merde.
Après on a grandi, certains sont partis trop jeunes, d’autre se sont faits dévorer par des maladies mentales, y en a qui ont connu la prison pour des conneries ou pour des trucs vraiment graves, … bref … des histoires banales pour tous ceux qui ont voulus vraiment flirter avec les limites, malgré leurs rêves de gosses, broyés par une République baïonnée par la loi du profit, à qui il faut des gagnants et des perdants.
La Bergerie des Malassis est là pour représenter ce je ne sais quoi que nous avons en commun. La Bergerie rend hommage à la culture Hip-Hop, à sa façon, Peace Unity and having fun.
La Bergerie doit vivre parce qu’elle rentre dans les souvenirs des enfants, et que les bons souvenirs ça aide dans la vie. Nous assumons et revendiquons nôtre jeu de trublions. Nous sommes tous encore des gamins ici, c’est pour ça qu’les gosses nous kiffent !
Ce petit mot est dédicacé à tous ceux qui ont écouté du bon rap français et qui n’ont rien capté.
Il y a tant de choses à dire, à écrire, et nous avons si peu de temps … Les petits mots de la Bergerie diront un peu, souvent, c’est déjà beaucoup.
Retrouvez d’autres textes de Gilles sur le blog de l’association Sors de Terre.
Regardez aussi l’épisode de la websérie documentaire SideWays sur la bergerie des Malassis.