« Je voulais vivre à la campagne mais pas tout seul.
Je voulais un endroit où il y ai du monde,
où les enfants joueraient ensemble,
où l'on puisse avoir de l'espace.
J'ai entendu parler d'un premier habitat groupé en Suisse et ça m'a interpellé... »
Création du lieu
Après avoir visité de nombreux habitats groupés et fait parti de quelques groupes, Peter se met à la recherche d'un terrain.
« Je voulais trouver un terrain pas trop loin de la ville tout en étant éloigné des autoroutes et des pylones électriques. J'ai vu celui-ci, mais il n'était pas à vendre. J'ai laissé tomber pendant une année. Puis je suis revenu. J'ai pris une option d'achat sur le terrain et j'ai commencé à chercher un groupe. »
Comme pour toute construction d'habitat groupé, la constitution des groupes à été longue et compliquée. Deux groupes se sont succédés et se sont séparés.
Chantal, l'une des premières habitantes du lieu, a participé à de nombreux projets d'habitats groupés au cours de sa vie. Elle raconte les raisons de leurs échecs :
« La plupart des groupes explosaient bien souvent sur un problème de lieu à trouver. On parlait beaucoup, on rêvait mais quand il s'agissait de trouver un lieu, ce n'était jamais le lieu idéal imaginé par chacun, ou la période de vie que les personnes avaient imaginé pour commencer l'achat. Ici, Peter a d'abord trouvé l'endroit et après il a réunit des personnes. Il y avait du concret, enfin. Même si c'était une ruine. »
Dix maisons ont été construites ou sont en cours de construction auxquelles s'ajoute la maison commune.
Cette dernière est le lieu de retrouvailles, lieu d'accueil des amis de passage, avec tout le nécessaire : chambres et sanitaires dans les étages ainsi qu'une cuisine au rez-de-chaussée. Elle permet d'organiser des événements en tout genre - notamment le "Henri-Bar". Une fois par mois, la salle se transforme en café du village avec un repas "maison" et de nombreuses bières locales.
La maison commune est l'un des atout principal de l'habitat groupé d'Henripont et a largement contribué à souder le groupe.
Chantal nous explique :
« La maison commune et les démolitions ont été faites en commun. Beaucoup d'habitats groupés ont terminé par la maison commune mais on a de l'énergie pendant un an ou deux ans, après c'est terminé. Construire la maison commune avant tout le reste, cela nous a permis de nous connaître. On n'imaginait pas que ce serait si compliqué. On était tous ensemble et il y avait des moments où tout le monde en avait raz-le-bol. Mais on apprend à connaître tout le monde avec ses bons et ses mauvais côtés. »
« La maison commune qui commence à vivre, c'est beau. Tout est encore à faire maintenant. » (Peter)
Les projets
Au final, quatre ans de travaux ont été nécessaires pour faire les démolitions et construire toutes les maisons. Il reste encore de nombreux détails à peaufiner mais la vie a pris sa place dans le lieu. L'été dernier, de nombreux enfants d'ici et d'ailleurs ont participé à différents ateliers et un terrain de volley a été construit pour les plus grands. Chantal était ravie :
« Il y avait plein d'enfants qui jouaient ensemble dans la cour, et bien souvent avec des enfants qui n'étaient pas de l'habitat groupé, c'était vivant, c'était beau ».
Les projets s'enchaînent : construire un potager commun, organiser des ateliers, mettre en place le Henri-Bar...
Le principe est simple. Celui qui a une idée, un projet, demande l'accord au groupe. Puis ceux qui le souhaitent participent à sa mise en place. Selon Chantal, cette flexibilité participe à l'entente entre les habitants :
« On peut se demander tout ce que l'on veut. Nous sommes capables de dire « non » si nous ne sommes pas d'accord, je trouve ça extraordinaire, c'est plutôt rare. »
La vie entre voisins est ainsi très active. Tout le monde se rend mutuellement des services, on n'hésite pas à frapper chez les uns ou chez les autres.
Les multiples projets de l'habitat contribuent au développement du lieu et de la cohésion du groupe, d'autant que les idées ne manquent pas : créer une micro-brasserie, une bergerie, un champ de tir à l'arc, jusqu'à la (re-)création d'une filière textile !
Si certains projets mettrons du temps à voir le jour, d'autres sont prêts à éclore. Ainsi, après le Henri-bar, c'est au tour des ateliers d'auto-construction de prendre vie : des stages de toutes sortes qui permettent d'apprendre à faire par soi-même, pour vivre de manière plus simple, un peu plus autonome mais également de transmettre des savoirs-faire.
« L'idée est d'inviter des personnes qui disposent d'un savoir-faire spécifique, par exemple pour faire de la charpenterie japonaise, des canoës inuits, etc. Regrouper différentes générations et apprendre mutuellement, construire quelque chose ensemble et à la fin, on a un résultat. Non seulement ces créations sont utiles mais elles ont aussi une esthétique, une poésie. »
Peter
La poésie est l'un des maîtres-mots de Peter. Un poète qui travaille de ses mains pour créer des objets qui ont une âme.
Initiateur de l'habitat groupé d'Henripont, souhaitant être le maître d'oeuvre de sa vie et de son environnement, il a construit lui-même sa maison, en mêlant l'histoire du lieu et son renouveau : murs en paille, en bois et en briques, poutres apparentes. Autant que possible, il a gardé des parcelles de l'ancien, au point parfois, de devoir recommencer des travaux quand il se rendait compte que les restes ne valait finalement plus rien. Un tronc d'arbre entier supporte le plafond de son atelier, remplaçant avec magie la vielle poutre sauvegardée qui n'aurait finalement pas tenue le coup.
L'ouverture est le mot qui représente le mieux l'architecture intérieure de sa maison. Chaque pièce ouvre sur le centre de la vie : une grande salle commune dont le centre est le poêle à bois où l'on se retrouve tous ensemble pour passer des soirées en famille.
Peter voit l'auto-construction, non pas uniquement comme une fin en soi, mais avant tout comme un moment de partage, d'apprentissage et de création commune. Comme un moment de vie qui permet d'unifier un groupe et également, pourquoi pas, de faire revivre des traditions anciennes, venant de loin, riches d'histoire et qui, malheureusement, risquent d'être perdues.
Le premier des stages d'auto-construction à Henripont sera la construction d'une éolienne. Tripalium, une association française, organise ce type de stage depuis 2004, ce qui permettra à Peter de commencer avec une organisation bien rôdée avant de se lancer tout seul dans l'aventure.
Ce stage a fait l'objet du 4ème épisode de SideWays.
Pour en savoir plus
De l'idée au projet, le parcours de Peter lors de l'initiation du groupe :
Les réunions et les prises de décisions sont parfois compliquées, comme nous le raconte Chantal :
Selon Chantal, les conflits font aussi partie du jeu, mais ils permettent aussi d'apprendre à se connaître :
Le groupe d'Henripont voulait un habitat groupé vivant. Pour que cette volonté soit effective, la maison commune a été construite avant tout le reste. Peter explique :
Avant de débuter les travaux des maisons, toutes les démolitions ainsi que le début de la construction de la maison commune ont été faites en groupe. Chantal nous raconte son expérience et ce qu'elle changerait si elle devait le refaire :
Peter fait le bilan : quelles relations avec les autres membres de l'habitat groupé après 4 ans de travaux ?
A son tour, Dona donne son point de vue sur la dynamique de groupe qui existe aujourd'hui.
Selon Manu, l'une des forces du projet est qu'il n'y ai pas d'objectifs, juste des visions. Les projets se mettent en place en fonction des envies de chacun :
Maintenant que les constructions sont terminées, beaucoup de projets peuvent se développer, ce qui prend du temps.
Une question se pose alors pour Manu, quel est l'équilibre entre le travail, la famille et ces projets ?
Ressources
Nous avons découvert l'habitat groupé d'Henripont lors du stage d'auto-construction d'éolienne, sujet de l'épisode 4 de SideWays "Construisons ensemble". Ce web-magazine a été réalisé en parrallèle de l'épisode.
Les images de la construction de l'habitat groupé ont été fournies par Chantal.
Les musiques de la vidéo ont été produites par Looping.
Le financement de ce web-mag est identique à celui de l'épisode 4. Vous pouvez retrouver le budget détaillé sur la page « Un modèle économique alternatif »
SideWays est un projet participatif et bénévole. Nous souhaitons mettre en avant les initiatives personnelles ou collectives qui ont du sens. Quelles que soit vos compétences, vous pouvez participer au projet !
Le premier stage de Peter à Henripont a été sur l'auto-constructon d'éolienne. Pendant une semaine, une dizaine de personnes se sont retrouvées pour construire ensemble.
Un travail collaboratif où chacun a transmis, appris, créé avec un obejctif commun : se réapprorier son univers.