Nombreuses sont les plantes présentes juste sous nos pieds que nous pourrions manger si nous le savions.
Parmi celles que nous connaissons tous : imagineriez-vous que les pissenlits, pâquerettes, feuilles de tilleul et feuilles de noisetiers sont comestibles ? Et tant d'autres dont nous ne connaissons pas le nom, mais qui nous entourent où que nous soyons : plantain, achillée millefeuille, alliaire, lierre terrestre...
Apprendre à connaître les plantes sauvages, c'est une manière de nous réapproprier notre environnement. Les nommer nous permet de les reconnaître, d'apprendre à les apprivoiser et, peut-être, leur redonner leur place dans notre vie quotidienne. Et au-delà de l'aspect purement théorique de la connaissance des plantes, nous pouvons retrouver des goûts, des saveurs que nous avons perdues.
Les plantes sauvages sont également extrêmement riches et permettent d'être en meilleure forme.
Dans la vidéo, Wawa parle du livre "Le véritable régime Crétois" par lequel elle a découvert le travail de François Couplan, un ethnobotaniste reconnu. Il a été mis en évidence que la population de Crète bénéficie d'une espérance de vie parmi les plus élevées du monde. Il est fort possible que cette belle santé soit en grande partie liée à l'alimentation des habitants, encore très largement agrémentée par la cueillette de plantes sauvages. La diversité géologique de cette île grecque a permis l'existence d'une biodiversité végétale impressionnante1 dont les habitants ont su apprendre et transmettre les vertus au fil des générations.
Comme pour la majorité des feuilles sauvages, on préfèrera cueillir les jeunes pousses, plus tendres et moins fibreuses (avant la floraison).
Découper les feuilles du haut de la plante permet la repousse afin de profiter de plusieurs cueillettes dans la saison.
Les orties possèdent des petites "seringues" remplies d'acide formique. Elles se cassent quand on les touche, produisant les démangeaisons que l'on connaît. Il est possible de froisser la plante afin de faire exploser toutes les seringues avant de la manger crue (attention aux risques d'allergies possibles).
Pour assurer la dégustation des orties, il est préférable de les cuire. Ainsi préparées, l'acide a disparu, permettant de les manger sereinement. Il est possible de les cuisiner comme des épinards, blanchies à l'eau bouillante, ou sous forme de soupe, de tarte, de gratin, etc.
Qu'est-ce qu'un ethnobotaniste ?
C'est quelqu'un qui étudie le rapport entre les êtres humains et les plantes au cours de l'histoire et en fonction des cultures. François Couplan est l'un des pionniers européens de cette discipline. Il a étudié les plantes sauvages comestibles sur les cinq continents, recueillant notamment les traditions orales de différents peuples.
« En Europe, j’ai répertorié quelque 1 600 [espèces de plantes sauvages comestibles] et j’estime qu’à travers la planète, leur nombre s’élève à environ 80 000. Cela est à mettre en regard de la trentaine de végétaux, tous cultivés, utilisés en moyenne par l’Occidental et au fait que, dans le monde, 29 espèces seulement représentent 90 % des denrées alimentaires végétales. »
Wawa a suivi la formation complète en 3 ans du Collège Pratique d'Ethnobotanique2. À son tour, elle diffuse ces connaissances à travers des balades botaniques, mais également les ateliers d'une demi-journée qui permettent d'approfondir les différentes caractéristiques d'une plante, avec tous les éléments pour la reconnaitre sans se tromper à toutes les étapes de son développement. Elle aime terminer ses activités par un moment de dégustation de plantes.
L’être humain tu l’as aussi par le ventre. Je peux ne faire que parler, mais si on mange, l’oeil s’ouvre différemment, il y a quelque chose en plus qui se passe.
"Apprendre à regarder" comme dit Wawa, c'est aussi prendre conscience de l'utilité de certaines plantes. Elle raconte l'histoire d'un vieux chasseur qui est venu à l'une de ses premières balades. Elle l'a recroisé depuis. "Il m'a dit qu'il regardait les ronces différemment, il continue de les couper, mais pas toutes..."
Les feuilles doivent être cueillies avant la floraison. Pour les tisanes ou décoctions, utilisez un filtre à café, et évitez son contact avec tous les métaux, excepté l’inox.
Les feuilles de ronces sont riches en tanin, comme le thé. On peut les boire seules, en tisane ou les mélanger avec des feuilles de framboisier, fraisier, cassis ou menthe poivrée. Cela fait une délicieuse tisane fruitée.
Pour augmenter le goût des feuilles de ronce vous pouvez les faire fermenter légèrement : laisser flétrir les feuilles à l’ombre dans un endroit humide où la température oscille entre 25 et 40°C en les empilant en couches bien tassées d’une dizaine de centimètres.
Au bout de quelques heures ou d’un jour ou deux, si l’on souhaite un goût plus prononcé et selon la température ambiante, elles deviendront plus foncées. Puis, faites sécher à l’air libre dans un endroit sec, en les aérant de temps en temps pour qu’elles ne se collent pas entre elles. Conserver dans une boîte en fer blanc.
La nature est un garde-manger, elle t'aide à être libre.
C'est important d'aller manifester, mais je pense que c’est encore plus fort comme acte politique de ne pas consommer.
1 La Crète possède un écosystème rare qui est actuellement menacé par la construction d'un nouvel aéroport (plus d'infos sur le site grec de contestation contre l'aéroport ainsi que dans le film "L'amour et la révolution" de Maud et Yannis Youlountas, en libre accès).
2 Le Collège Pratique d'Etnobotanique est une formation en trois ans initiée par François Couplan. Elle a pour objectif d'acquérir des connaissances théoriques et pratiques sur les plantes, leurs usages (alimentaire, médicinal, toxique, ornemental, etc.) ainsi que sur leur rapport avec l'homme. Cette formation est reconnue en Suisse, mais ne l'est pas en France. Pour toutes les infos : le site du Collège Pratique d'Etnobotanique.
Christophe de Hody est botaniste en Ile-de-France. Il publie de nombreuses vidéos sur les plantes sauvages comestibles et propose des cueillettes sauvages en région parisienne. Son site : Le chemin de la nature
Le site de François Couplan. On y retrouve une présentation de ses différents ouvrages, ainsi que des diverses formations qu'il propose : des formations courtes, longues ou à distance afin de s'adapter aux possibilités de chacun.
Dans la vidéo, Wawa fait référence au livre de François Terrasson, "La peur de la Nature" quand elle parle des hommes qui ont besoin de voir loin. Ce chercheur atypique décrypte avec humour nos fonctionnements internes, et explique de manière lumineuse pourquoi notre société s'acharne à détruire la nature.
SideWays, c'est d'abord une série documentaire sur des gens qui inventent leur vies loin des toutes tracées. Depuis peu, nous avons également démarré cette seconde série "Des savoirs-pour apprendre à faire".
SideWays, c'est aussi un mode de vie pour les deux réalisateurs nomades que nous sommes. Nous sommes reporters-troubadours, et nous arpentons les routes depuis 2013 à la rencontre de tous...
Pour en savoir plus : side-ways.net
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Réalisation / Montage : Benoit Cassegrain
Prise de son : Clothilde met den Ancxt
Texte et mise en page : Hélène Legay
Recettes : Thé de ronce (lien)
Illustrations : Prof. Dr. Otto Wilhelm Thomé, Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz, 1885, Gera, Germany - Ortie - Ronce (oeuvres tombées dans le domaine public, via Wikimedia Commons)
Fonts : Gidole, Love Story, Althea, FontAwesome
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